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11 février 2013 1 11 /02 /février /2013 20:02
Avec la précipitation des événements au Mali, il apparaît que la France joue son rang de puissance et le Mali son existence dans ce premier engagement militaire direct français, en solitaire, sur un théâtre d’opération depuis la fin de la guerre d’Algérie. Dans ce contexte, l’Algérie, ayant connu par le passé le fléau terroriste, se trouve à nouveau confrontée à cette nébuleuse comme l’ont montré les récents événements d’In Amenas. Aussi, ne peut-elle pas se considérer en marge des événements qui ont secoué la Tunisie, la Libye et actuellement le Mali. La région sahélienne étant devenue une poudrière aux conséquences imprévisibles, dans cette phase de géo-dislocation globale de la sphère arabe, l’impératif de l’Algérie est de desserrer le nœud coulant néo-islamiste et forcer la porte des BRICS, le moteur de la nouvelle diplomatie multilatérale. Un mois après le lancement de l’opération Serval, et pour mieux élucider ces questions géostratégiques, La Nouvelle République a fait le point avec René Naba, journaliste, écrivain et politologue.
René Naba
La Nouvelle République : Quel bilan tirez-vous tant pour la France que pour le Mali, un mois après le lancement de l'opération Serval ?
René Naba : La France joue son rang de puissance et le Mali son existence dans cette expédition du Mali, premier engagement militaire direct français, en solitaire, sur un théâtre d’opération depuis la fin de la guerre d’Algérie en 1962. En première ligne dans la guerre de prédation économique du versant sud de la Méditerranée – la Libye et la Syrie, sans endettement extérieur, disposent de réserves énergétiques –, la France se retrouve de plein fouet sur la ligne de front, en confrontation directe avec ses frères d’armes de Libye et de Syrie, qu’elle cherche à terrasser. Qu’il est douloureux le venin inoculé par la morsure d’un serpent nourri en son sein. L’expédition punitive du Mali de janvier 2013 se présente dans une configuration stratégique sensiblement différente des précédentes séquences (Suez, Bizerte, Kolwezi). Au Mali, face à des hordes furtives, la France est sous perfusion technologique américaine, sous transfusion matérielle et humaine européenne et africaine (2 000 Tchadiens, 500 Nigérians), sous injection financière arabe. Serval traduit un effondrement de la capacité de projection de la puissance française. Et cela, quelle que soit l’issue des combats. Un échec de la France poserait la question de la légitimité de sa présence au sein du Conseil de sécurité en sa qualité de membre permanent doté d’un droit de veto. Un statut octroyé en dépit de sa collaboration avec l’Allemagne nazie sous Vichy, non pas tant pour sa contribution à l’effort de guerre allié, mais en raison de sa possession à l’époque d’un consistant empire colonial. Dissipé depuis, l’empire est désormais réduit à sa honteuse portion congrue de la Françafrique. Un éventuel échec réduirait le rôle de la France à celui d’un satrape régional. La guerre du Mali est la conséquence directe de la guerre de Libye. Nicolas Sarkozy et son compère Bernard-Henry Lévy doivent rendre compte de ce gâchis humanitaire, en comparution immédiate. De même qu’Alain Juppé et Laurent Fabius, les deux super-capés de droite et de gauche, dont l’activisme en Libye et en Syrie auprès des frères d’armes des djihadistes d’Ansar Dine s’explique par leur «complexe de la pénombre». Une pathologie qui se traduit par une volonté de compenser leur éclipse relative de la scène publique du fait de leur condamnation par la justice de leur pays, le néo-atlantiste gaulliste pour avoir « trahi la confiance du peuple souverain » dans l’affaire dite des emplois fictifs et le néoconservateur de gauche dans l’affaire du «scandale du sang contaminé ». L’intervention précipitée de la France au Mali vise à créer de nouvelles conditions face à la nouvelle administration Obama dont les postes clés, le Département d'Etat (John Kerry) et la Défense (Chuck Hagel), ont été confiés à des hommes de dialogue, contrairement à Hillary Clinton. La réunion du groupement de l'opposition syrienne atlantiste le 28 janvier à Paris, le jour même où l'opposition démocratique syrienne se réunissait à Genève, relève de cette même politique du fait accompli en ce qu'elle est destinée à barrer la voie à toutes les initiatives diplomatiques qui se situeraient hors du champ français. Le télescopage de la réunion de l’opposition offshore syrienne avec celle du colloque de Genève à l’initiative de l’Institut scandinave des droits de l’Homme constitue, en tout état de cause, une mauvaise manière faite à la démocratie en ce que la France apporte la démonstration qu’elle ne tolère que les opinions conformes à ses vues. Sous le rationalisme cartésien, couve dans ce grand corps malade une distorsion mentale. Combattre la succession au sein des républiques arabes et propulser l’héritier d’un autocrate au Gabon (Ali Bongo) en truquant les élections ou tendre la sébile aux Arabes et faire le matamore à propos de leur Mandela, le Libanais Georges Ibrahim Abdallah, le doyen des prisonniers politiques en France, au prétexte d’une matrimonialité seconde du responsable de l’ordre public, relève d’un dérèglement moral en ce qu’elle signe la confusion de la sphère publique et privée dans la gestion des affaires publiques. L’exemple le plus patent en est Manuel Valls. Le ministre de l’Intérieur et des Cultes se considère désormais « éternellement lié » depuis son mariage en seconde noces avec une musicienne française de confession juive, non avec la France dont il est le citoyen, mais à Israël, non le pays, mais le lieu de référence religieuse de son épouse, indice pathétique du dévoiement de la pensée. François Hollande, Nicolas Sarkozy et Manuel Valls.
Que pensez-vous justement de la politique de François Hollande par rapport à celle de Nicholas Sarkozy, n’y-a-t-il pas là une certaine continuité ?
Le comportement de Nicolas Sarkozy relevait de l’ordre primaire obsessionnel et compulsif. François Hollande a l’apparence de la bonne courtoisie. Une différence à la marge. Sur la forme, non sur le fond en ce que l’alternance a substitué un néo-conservatisme de droite par un néo-conservatisme socialiste. Un néo-conservatisme hard en un néo-conservatisme soft. Le cas le plus flagrant est le cas Manuel Valls. Nous y revenons en ce qu’il est le cas symptomatique de l’équipe socialiste. Ministre de l’Intérieur et des Cultes, il est en charge de l’ordre public et de la concorde nationale. Les aléas de sa vie affective ne doivent pas déterminer sa vie publique. Un bon ministre de l’Intérieur est celui qui est invariablement lié, de manière éternelle, aux intérêts fondamentaux de son propre pays. Une action en suspicion légitime devrait être exercée à son encontre en ce qu’il ne se comporte pas en arbitre soucieux de privilégier les intérêts supérieurs de la nation française. Entre Nicolas Sarkozy et l’ancien maire d’Evry, qui projetait de transplanter des White au sein de sa population Blakos, la différence est inexistante. Valls est un néo-conservateur rentré. A la manière d’un acte manqué.
Avec l’échec de l’Occident dans sa lutte contre la piraterie somalienne, d’une part, quel pronostic pourrait-on avancer sur l’intervention française au Mali ? Et d’autre part, avec cet engagement de la France au Mali, ne pensez-vous pas que cela va mettre en péril les intérêts français partout dans le monde ?
L’opération de Somalie est un ratage monumental, d’autant plus incompréhensible et injustifié qu’une armada de 37 bateaux de guerre occidentaux opèrent dans le Golfe d’Aden pour lutter contre la piraterie maritime aux larges des côtes de Somalie. Ce grave échec a d’ailleurs stimulé les contestataires à l’ordre français en Afrique et accentué les risques.
Quelles conséquences sur le plan interne français ?
Le Mali va mettre en veilleuse les grands problèmes lancinants de la société française. Reléguer au second plan les questions sociétales telles la réforme du statut du mariage, le problème de la cohésion sociale tel le vote des étrangers, les douloureux problèmes de niveau de vie tels l’usure du pouvoir d’achat, la hausse du chômage, l’accroissement de la misère et de la précarité ainsi que le délitement de la société et l’augmentation de l’insécurité, enfin, dernier et non le moindre, le vieillissement de la démocratie française. En quarante ans, la France a perdu, du fait de la concurrence internationale et de l’inadéquation de sa formation professionnelle, près de neuf cents métiers et trois millions d’emplois. Tant sur le plan interne qu’international, elle est atteinte d’un malaise vagal stratégique. Le Mali a transformé François Hollande, décrié auparavant pour sa mollesse, en chef de guerre, lui conférant une stature de chef de guerre à l’effet de le remonter dans les sondages. En ces heures douloureuses, il est à espérer que le septentrion malien ne soit pour le général Flanby ce que la Cyrénaïque fut pour le maréchal Erwin Rommel Ne pensez-vous pas que la Mali paye aujourd’hui le prix fort de sa déliquescence ?
S’il en est ainsi, que devrait-il faire pour redresser sa situation ?
Le Mali doit rendre justice à son histoire, en faisant, sans retard, sans ménagement, le procès de l’institution militaire qui, en un demi-siècle d’indépendance, a sinistré le pays en phase de délitement du fait de sa déroute militaire et sa banqueroute économique. De la déliquescence de l’État à la régression nationale : jamais un pays n’aura connu pareille décélération. Du fait d’une mafia politico-militaire. En toute impunité. En cinquante ans d’indépendance, le Mali n’aura connu qu’un seul mandat de bonne gouvernance, celui du premier président du Mali indépendant, Modibo Keita (1960-1968). Son renversement par un coup d’État d’un lieutenant fantasque, Moussa Traoré, va inaugurer une ère de plus de quarante années de mensonges et de corruption, dont le Mali ne connaîtra l’épilogue tragique qu’avec le régime calamiteux d’Amadou Toumani Touré (ATT) et le coup d’État pathétique du capitaine Ahmadou Haya Sanogo. Cinq officiers supérieurs, les fameux planqués de la République, sont particulièrement visés par ce propos :
- Le dictateur Moussa Traoré, parricide du symbole de l’indépendance malienne, deux fois condamné à mort, puis gracié, vivant désormais une retraite pieuse mais très confortable aux frais de l’État, à Bamako, narguant de sa présence aux cérémonies les proches de ses victimes.
- Le velléitaire cumulard Ahmad Toumani Touré, le planqué de Dakar, planqué avec son magot dans un silence tonitruant.
- Le putschiste Ahmad Haya Sanogo, planqué à l’ombre de ses 60 Humvee (High mobility multipurpose wheeled vehicle), affectés à sa protection, qui doivent être impérativement réaffectés au champ de bataille et non plus servir à sa parade, de même que les 600 millions de francs maliens ponctionnés mensuellement sur le budget malien pour sa dépense personnelle, reversés au budget de guerre.
Enfin, les deux planqués de la déroute militaire, les deux grands vaincus de la bataille de 2012, le colonel Gamou, responsable de la base de Kidal jusqu’à sa chute en février 2012, réfugié au Niger avec cinq cents soldats ainsi que le colonel Maydoun, son alter ego de la base Gao. Décréter la mobilisation générale, rétablir le service militaire obligatoire. Mener sa propre guerre de libération nationale, à l’exemple de son voisin et ami l’Algérie, qui a vaincu le colonialisme avant de vaincre le terrorisme. En un mot se débarrasser de sa mentalité d’assisté… Tel doit être le mot d’ordre du Mali pour reconquérir sa dignité avant sa souveraineté.
Comment voyez-vous la position de l’Algérie par rapport à tout ce remue-ménage politico-militaire qui se déroule à ses frontières ?
Qui tient l’Afrique tient l’Europe, assurait Karl Marx. L’Algérie occupe une position centrale au Sahara. Frontalière de sept pays (Maroc, Tunisie, Libye, Mali, Mauritanie, Niger et RASD) elle se doit de demeurer au centre du jeu d’autant plus impérieusement que l’Algérie est chez elle au Sahara et dispose d’une frontière commune de 1 300 km avec le Mali soit infiniment plus que la totalité du métrage de la France avec ses pays limitrophes (Allemagne, Belgique, Espagne, Italie, Suisse). La France au Mali est davantage préoccupée par les gisements d’uranium du Niger que pour la souveraineté nationale du Mali. La géostratégie des minerais, de même que la drogue, a horreur du vide. François Hollande au Mali roule pour Areva et tant pis si l’intégrité du Mali devrait éventuellement en pâtir. Il s’en accommodera pour peu que la tutelle targuie en gestation dans le nord malien accepte de jouer le jeu. Pour preuve, François Hollande n’a pas manifesté le même zèle pour voler au secours de François Bozizé en ce que les intérêts stratégiques français n’étaient pas menacés en République centre-africaine. Mais le Mali revêt une autre dimension transarabe. Il est à coupler avec la Syrie. Ces deux pays constituant les deux points de fixation de la Russie et de l’Algérie dans la bataille de l’énergie que se livrent en sourdine le camp atlantiste et leurs fournisseurs de gaz. Alliées de la Syrie, la Russie et l’Algérie sont de surcroît les deux principaux ravitailleurs en gaz de l’Europe occidentale, laquelle veut réduire sa dépendance de ces deux pays situés hors de la sphère atlantiste. La guerre de Syrie s’explique dans ce contexte et vise un triple objectif :
- Désarticuler le maillon intermédiaire de l’axe de la contestation à l’hégémonie israélo-américaine dans la zone, constitué de l’Iran, la Syrie et le Hezbollah libanais.
- Affaiblir économiquement l’Iran, sous embargo depuis trente ans, et la Russie.
- Fixer la Syrie et la Russie sur cet abcès de fixation le temps de procéder au déroutement du trafic gazier du Détroit d’Ormuz vers la Méditerranée orientale avec des terminaux en Syrie et en Turquie.
Pour les initiés, c’est la fameuse bataille du projet transeuropéen Nabucco contre le projet russe North and South Stream. L’écharde nord-malienne s’explique dans ce contexte. L’Algérie, ultime survivant de l’ancien «front du refus arabe», flanquée de surcroît désormais de deux régimes néo-islamistes, la Libye et la Tunisie, est ainsi rivée au sol par le dossier du séparatisme du nord du Mali. Le Mali, toutefois, ne sera pas une promenade de santé. Les sables mouvants sont insondables et les voies des pistes caravanières sont impénétrables. Serval est le prolongement sur le théâtre africain de la grande géodéstabilisation globale de la sphère arabe, du Sahara… du Nord-Mali, au Sahara algérien, à la Libye, à la Syrie. L’assaut d’In Anemas relève de ce schéma visant à entraîner l’Algérie dans les sables mouvants du désert saharien. Quels seraient, d’après vous, les atouts de l’Algérie dans ce nouvel échiquier ? L’Algérie a une expertise reconnue dans le domaine de la guérilla acquise durant sa guerre de Libération nationale, doublée d’une expertise dans la lutte contre le terrorisme acquise durant la décennie noire 1990-2000), mais aussi et surtout, mais cela les initiés en conviennent, sous la houlette soviétique lors de la guerre d’Afghanistan (1980-1990). De ce fait, l’Algérie n’est redevable à aucun état occidental du moindre soutien logistique ou financier dans sa guerre contre le terrorisme. Elle a donc les coudées franches. Mais cette guerre risque d’être longue et coûteuse, la génération de la guerre d’indépendance au pouvoir depuis cinquante ans arrive, à plus ou moins brève échéance, au terme de son mandat. Il importe que la relève soit assurée et la transition maîtrisée. C’est là une des failles du système, qu’elle doit remédier sans retard. Avec 250 milliards de dollars de réserve, l’Algérie est le deuxième pays arabe par l’importance de ses devises, derrière l’Arabie Saoudite. Elle ne saurait se comporter en « état rentier » se contentant de son statut de « pays émergent », qui n’est rien d’autres qu’un strapontin, autrement dit « un piège à cons ». Par fidélité à son histoire, l’Algérie, le pays le moins dépendant du monde arabe sur le plan international, se doit de monter au créneau par une meilleure répartition de ses richesses, la relance de son agriculture, le développement de son infrastructure, la dynamisation de sa bureaucratie, en même temps que la démocratisation de son espace public, en impulsant une citoyenneté active à sa population, particulièrement sa jeunesse trépidante, en développant un esprit critique de sa presse, pour rejoindre le BRICS (Brésil, Russie, Afrique du sud, Inde), nouveau moteur de la diplomatie multilatérale. Au BRICS en tant que représentante des pays arabes et musulmans, pour y développer une coopération sud-sud, en substitution à une coopération verticale de subordination et de prédation des économies nationales des pays arabes. En un mot, établir un rapport de qualité entre les deux sphères de la Méditerranée et entre les deux hémisphères de la planète.
Dans cette nouvelle approche de la lutte antiterroriste prônée par l’Occident, quel devenir d’après-vous de l’islamisme politique ?
La guerre décennale contre le terrorisme (2001-2011) a laissé le monde occidental exsangue sur le plan économique avec la crise bancaire américaine, (une perte de capitalisation bancaire de l’ordre de 25 000 milliards de dollars), la crise systémique de l’endettement européen (les guerres d’Irak et d’Afghanistan, d’un coût global de 3 000 milliards de dollars). De quoi effacer les dettes publiques de l’ensemble des pays de la planète, de financer un gigantesque plan de grands projets à l’effet d’éradiquer les pandémies, la pauvreté, l’analphabétisme, la malnutrition dans le monde, d’offrir une retraite décente à ses occupants, avec, cerise sur le gâteau, la réhabilitation de la Palestine, victime des turpitudes occidentales. Il était possible aux pays arabes de faire une offre gagnant-gagnant au monde occidental : renflouer son économie par injection massive de pétrodollars en contrepartie du règlement de leur question centrale : la Palestine La configuration se prêtait d’autant plus que pour la première fois dans l’histoire moderne arabe, les islamistes étaient parvenus au pouvoir dans la quasi-totalité des pays arabes, du golfe pétromonarchique wahhabite rétrograde, aux gouvernements néo-islamistes des rives de la Méditerranée (Egypte, Libye, Tunisie). Mais en accordant la priorité à la destruction de pays arabes, sous couvert de lutte pour la démocratie, plutôt qu’à la libération de la Palestine, les pétromonarchies, les régimes les plus rétrogrades au monde, se sont révélées les commanditaires de leur propre mercenariat en vue de leur auto-asservissement alors que le néoislamisme pro-américain est, lui, apparu comme le gestionnaire de l’ordre rentier pétromonarchique, ainsi qu’en témoigne le règlement de la dernière offensive israélienne de Ghaza Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale (1939-1945), le monde arabe est passé par trois phases de transformation révolutionnaire, trois phases de lutte : - Lutte contre le colonialisme ou l’occupation étrangère, avec l’indépendance de la quasi-totalité des vingt pays membres de la ligue arabe du Machreq et du Maghreb - Lutte contre la dictature interne ou l’occupation interne avec la chute de Zine El-Abiddine Ben Ali (Tunisie), Hosni Moubarak (Egypte), Mouammar Kadhafi (Libye) et l’élimination des Premiers ministres d’Irak (Noury Saïd) et de Jordanie (Wasfi Tall) et du président égyptien Anouar Al-Sadate notamment. Lutte enfin dans la phase finale contre les trafiquants de la religion, les nouveaux marchands de temple de l’ère contemporaine, tant il est vrai que l’islam du XXIe siècle se doit être une religion d’avenir et que l’adhésion à une foi ne dispense de disposer d’une solide morale.
Entretien réalisé par Chérif Abdedaïm
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8 février 2010 1 08 /02 /février /2010 02:05
Nous avons appris que le NPA, Nouveau Parti Anti-capitaliste, présentait une candidate voilée dans le Vaucluse.

Militant(e)s du Parti Communiste-Ouvrier d'Iran, nous ne savons que trop ce que signifie le voile islamique. Dès 1979, le cri des brutes du régime islamique qui se mettait en place était « le voile ou les coups », et très vite cela s'est traduit par « le voile ou la mort ». Depuis 30 ans, le voile est obligatoire en Iran. Ce n'est pas un simple morceau de tissu, c'est pour les islamistesun moyen pour marquer les femmes, imposer toutes sortes de discriminations et le symbole de l'apartheid sexiste.

D'ailleurs, après l'Iran, partout où l'Islam politique est devenu influent, ce courant a tenté d'imposer le voile aux femmes, que ce soit en Algérie, en Palestine, en Irak, en Afghanistan ou ailleurs. Dans tous ces pays, des femmes ont été agressées, martyrisées et même assassinées pour avoir refusé de porter un voile.

Nous avons trop porté ces voiles ou vu celles que nous aimons y être forcées, pour considérer qu'il ne s'agirait que de simples vêtements.

Depuis le mois de juin, les femmes d'Iran sont aux premiers rangs des protestations pour renverser le régime islamique et le peuple d'Iran a parlé et dit clairement qu'il ne veut plus de la République Islamique, de son apartheid sexiste et du voile obligatoire.

Pourtant, c'est alors que des Iraniennes risquent leurs vies pour affronter les forces de répression d'un régime misogyne, que votre parti, qui se revendique pourtant du marxisme et du féminisme, décide de présenter une candidate qui porte le hidjab. Comment peut-on se prétendre féministe et internationaliste et montrer si peu de solidarité avec les femmes qui, en Iran comme ailleurs, se battent pour retirer ces prisons de tissu ?


Comment peut-on laisser entendre que le voile ne serait pas incompatible avec l'émancipation des femmes, alors que la première mesure de Khomeiny fut de le rendre obligatoire, et qu'il a été suivi en cela par les islamistes du monde entier ?

Comment banaliser ainsi ce symbole de l'apartheid sexiste que subissent des millions

de femmes qui ne rêvent que de brûler les hidjab, tchador et autre burqa ?

Au nom de toutes les femmes victimes de l'islam politique, nous demandons à votre parti de revenir sur cette décision choquante. On ne joue pas avec la liberté des femmes ni avec ce symbole d'oppression qu'est le hidjab.

 


PCOI


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1 février 2010 1 01 /02 /février /2010 21:26
Les gens de gauche sont réputés humanistes et libérateurs. Ceux de droite, colonialistes, racistes et esclavagistes. Une comptine manichéenne que l’école et les média s’obstinent à fredonner. Lavage de cerveau oblige.

Par Christian Navis (son site) lundi 1er février 2010  

Pourtant, l’Histoire des colonies n’est pas si simple. Au départ, l’empire français a été bâti par la gauche. Avec de bonnes intentions, certes. Pacifier, éduquer, développer, construire. Apporter les bienfaits de la civilisation et l’esprit des lumières à des gens qui n’avaient rien demandé. De grandes idées généreuses mais simplistes. Appliquées contre l’avis de la droite qui n’en voulait pas. Retour vers le passé :

Un borgne en politique
 Léon Gambetta, qui a perdu son oeil droit dans un accident, profite de la fin du second empire décadent pour se faire élire député radical en 1869. Bien que le mot radical à l’époque désigne l’extrême gauche (comme c’est toujours le cas en Amérique) c’est un modéré.
Bon vivant, grande gueule mais brave type. Inventeur de la gauche cassoulet. Il sait aussi faire preuve de courage quand il s’évade en ballon de Paris assiégé. Ou six ans plus tard quand il met en demeure Mac Mahon : "Il faut vous soumettre ou vous démettre".
Il a fait ses premières armes en politique avec Adolphe Crémieux, avocat et député de gauche, dont on parlera plus loin.

Après une vie publique tumultueuse au cours de laquelle il soutient les visées coloniales de la France en Afrique, Gambetta remporte les législatives de 1881, associé à Jules Ferry, dans une sorte d’union de la gauche de l’époque.
Jusqu’à sa mort, il cumule les fonctions de président du conseil (premier ministre) et de ministre des affaires étrangères. Son ministre des colonies est Félix Faure. Un autre homme de gauche qui a participé à la conquête de Madagascar, a failli provoquer une guerre avec l’Angleterre pour Fachoda au Soudan, et est un anti-dreyfusard convaincu. La totale !
Pour la petite histoire, ce brave homme devenu président de la république par la suite, mourra d’épectase à l’Elysée entre les bras de sa maîtresse.

Pas facile d’y voir clair
 
 L’associé de Gambetta en politique, le franc-maçon Jules Ferry, a été plusieurs fois ministre et président du conseil. De nos jours, ce personnage est toujours encensé par des enseignants à la vue basse pour son action en faveur de l’école laïque. Incontestable mais réductrice.
Nos bons professeurs ont juste oublié que ce député de gauche, plusieurs fois ministre, fut non seulement un des plus ardents promoteurs de la politique coloniale, mais en outre un fieffé raciste !
Le 28 juillet 1885, à la tribune de l’assemblée nationale, il clame :
"Je répète qu’il y a pour les races supérieures un droit, parce qu’il y a un devoir pour elles. Elles ont le devoir de civiliser les races inférieures."
 
Les conservateurs s’opposent à cette politique, considérant que la France n’a pas à dilapider son budget au delà des frontières, pour des retombées économiques illusoires. Pour eux, il n’y a aucun retour sur investissement à attendre du financement outre mer par l’Etat de routes, de chemins de fer, de ports, d’écoles, de dispensaires, d’hopitaux...
La mission civilisatrice de la France est un leurre. Ce ne sont pas quelques minerais bruts et des fruits tropicaux rendus hors de prix par les difficultés d’acheminement qui renfloueront le budget du pays.
 
Ferry, ignorant en économie, ignare en géopolitique, s’imagine que les peuples colonisés achèteront la production industrielle française ! Par reconnaissance envers leurs bienfaiteurs qui leur ont apporté la santé, le bonheur et la paix.
On croirait presque entendre les discours surréalistes de nos modernes Ongistes quand ils appuient leurs appels insistants à la charité publique et réclament un droit d’ingérence humanitaire. Voire de mise sous tutelle internationale des états mal gérés.
 
Les discours de Jules Ferry ne sont pas un "dérapage" comme on dirait aujourd’hui. La plupart des grands intellectuels et politiciens de gauche de son temps pensent comme lui. Et pour longtemps encore.
 
La gauche souffre de strabisme
 
Le 18 mai 1879 au banquet commémoratif de l’abolition de l’esclavage, en présence de Victor Schoelcher (un comble !) le grand Victor Hugo prononce un discours fortement applaudi par l’assistance. Extraits :
"Cette Afrique farouche n’a que deux aspects : peuplée, c’est la barbarie, déserte c’est la sauvagerie ! Allez peuples, emparez vous de cette terre ; Prenez-là ! A qui ? A personne ! Dieu donne l’Afrique à l’Europe !"
 
Plus tard, Jean Jaurès, icône républicaine s’il en est, énoncera dans un discours à la Chambre des députés en 1903 : "La civilisation que représente la France en Afrique est certainement supérieure à l’état présent des indigènes".
Et l’autre icône du socialisme Léon Blum remettra les couverts le 9 juillet 1925 devant les députés : "Nous admettons le droit et même le devoir des races supérieures d’attirer à elles celles qui ne sont pas parvenues au même degré de culture et de les appeler au progrès réalisé grâce aux efforts de la science et de l’Industrie "
 
Pendant tout ce temps là, de Thiers à Maurras, en passant par Paul Déroulède et Maurice Barrès, la droite nationale a une position très claire : la France doit choisir entre l’inévitable revanche contre l’Allemagne et les chimères de l’expansion coloniale.
Pour eux, les colonies ne pourront jamais compenser la perte de l’Alsace et de la Lorraine. Maurras dira à Jules Ferry : "J’ai perdu mes deux soeurs et en échange vous m’offrez vingt domestiques dont je n’ai que faire !’
 
Le colonialisme par le petit bout de la lorgnette
 
 
Dès la fin du second empire, Gambetta a travaillé avec Adolphe Crémieux dont il soutient les fameux décrets, aujourd’hui étrangement ignorés de la plupart des livres d’histoire.
Ces décrets (N° 136 et 137 du 24 octobre 1870) représentent la conception politique de la gauche coloniale de l’époque, se voulant civilisatrice, libératrice et humaniste.
Ainsi les décrets Crémieux donnent-ils la possibilité, s’ils le souhaitent, aux habitants de l’Algérie de devenir citoyens Français à part entière. Sans délai.
 
En 1870, l’ex-régence turque est peuplée de Turcs, de Berbères, d’Arabes, de Juifs, de Noirs et d’Européens provenant essentiellement du pourtour méditerranéen. Des descendants d’esclaves capturés par les pirates avant 1830 pour la plupart.
Ceux-ci, tout comme les Juifs, acceptent dans leur immense majorité la citoyenneté française, n’y voyant que des avantages.
 Avec les Kabyles, c’est plus compliqué. Islamisés de force, conservant de fortes minorités juive et chrétienne, et continuant à pratiquer des rites animistes, certains se laisseraient bien tenter.
Et la France rate une occasion historique !

L’anticléricalisme progresse dans le pays sans pouvoir encore imposer la laïcité. Et le pape Léon XIII, dans un souci d’apaisement, incite tous les Français à accepter la république.
Il va plus loin en demandant à Lavigerie, archevèque d’Alger, d’inviter ses "pères blancs" à faire preuve de moins de zèle à convertir les Kabyles et à redéployer leurs efforts sur l’Afrique noire. C’est perçu comme un abandon par bien des chefs kabyles.
Mais tous ne se résignent pas. Leurs enfants sont, proportionnellement, plus nombreux parmi les boursiers. Leurs descendants éduqués sont relativement nombreux parmi les "assimilés" qui demandent à être français et adoptent des prénoms chrétiens.
Ils fourniront aussi, pour leur malheur, beaucoup de bataillons Harkis.
 
Une vision élargie mais un peu floue
 
Les dispositions de l’article 2 du décret N° 137, modifiant celles du décret du 21 avril 1866 titre III, article 11, stipulent :
" L’indigène musulman qui veut être admis à jouir des droits de citoyen français doit se présenter en personne devant le chef du bureau arabe de la circonscription dans laquelle il réside, à l’effet de former sa demande et de déclarer qu’il entend être régi par les lois civiles et politiques de la France."
C’est tout. Et ce n’est pas compliqué. Mais les musulmans, à de rares exceptions près, refusent le bénéfice des décrets Crémieux. Pourquoi ?

Parce qu’ils préfèrent continuer à appliquer les canons de l’islam et leurs coutumes locales, plutôt que les normes de la république. Le code civil, le code de commerce, le droit administratif et électoral avec le bulletin de vote, une carte d’identité française et l’accès à tous les emplois publics, ils n’en veulent pas.
C’est leur droit.
Mais sans porter de jugement de valeur sur ce choix, il ne faut plus feindre de l’ignorer car il est à l’origine d’incompréhensions, de rancoeurs et de drames dont les contrecoups secouent encore notre société.
 
Un statut regardé de travers
 
La troisième république ne peut s’accommoder de la répudiation, la polygamie, le droit d’aînesse et les privilèges masculins en matière d’héritage, ou encore les mariages arrangés des mineures. Pas plus que de la preuve testimoniale en matière de propriété foncière ou de prêt d’argent, ainsi que de la valeur du témoignage d’une femme réduit à la moitié de celui d’un homme.
La France accepte donc, dans la mesure où cela ne touche pas à l’ordre public ou ne concerne pas des infractions pénales graves (vengeances privées, lapidations) que les indigènes musulmans continuent d’appliquer la charia.

Cela sera officialisé par la suite dans un "statut indigène" qui reconnait la dualité des systèmes juridiques, juridictionnels et administratifs, intuitu personae.
Les cadis et bachadels, les aghas et bachaghas tiennent lieu de juges de paix et de tribunaux d’appel. Ces chefs traditionnels non élus font aussi fonction de maires et de conseillers territoriaux assistés par des assemblées consultatives exclusivement masculines. Une des premières mesures de Crémieux ayant été de démilitariser l’administration du pays pour la confier à des civils.
 
Ce statut indigène, imprégné des meilleures intentions d’une gauche respectueuse des particularismes culturels et établi la demande des intéressés, deviendra plus tard par le biais de la propagande le symbole de la discrimination !
Voilà comment on reécrit l’histoire...
Quant à ceux qui réclament des tribunaux islamiques pour les "affaires privées" en Europe et au Canada, ils ont raté un épisode !

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  • : C'est l'espace (un de plus mais il n'y en a jamais assez) des sans-voix, des opprimés, mais aussi celui des femmes et des hommes qui agissent pour le plus grand bien de la Révolution.
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