Tensions entre la Suède et le Maroc après l'arrestation d'un militant sahraoui
Brahim Dahane, président de l'Association sahraouie des victimes des violations graves des droits de l'homme (ASVDH),
devait recevoir, lundi 16 novembre à Stockholm, un prix décerné par le gouvernement suédois. Mais sa chaise était vide. Le 8 octobre, il avait été arrêté en même temps que six
autres militants sahraouis par les autorités marocaines, officiellement pour avoir visité le camp de réfugiés de Tindouf, dans le sud-ouest de l'Algérie, et s'être affiché aux
côtés de dirigeants du Front Polisario. Il a été incarcéré pour "haute trahison" à son retour au Maroc.
Déjà emprisonné de 1987 à 1991 et torturé, Brahim Dahane serait détenu à la prison Salé, dans la banlieue de Rabat,
attendant d'être jugé par un tribunal militaire.
A Stockholm, certains, comme Jens Orback, secrétaire général du Centre Olof Palme, accusent le Maroc d'avoir arrêté
Brahim Dahane pour l'empêcher de recevoir son prix à Stockholm. D'autres, comme Eskil Franck, le directeur du Forum de l'histoire vivante, organisateur du prix,
n'établissent pas un tel lien, mais ne doutent pas que "l'expulsion d'une diplomate suédoise est sûrement une réponse directe au prix".
Les autorités marocaines ont expulsé, le 4 novembre, la numéro deux de l'ambassade de
Suède à Rabat, accusée par le Maroc d'avoir fait passer des documents marocains à l'opposition sahraouie. "Une semaine avant d'annoncer officiellement le prix le 3
novembre, j'ai informé l'ambassade du Maroc pour leur donner une chance de libérer Dahane, confie M. Franck. Je n'y croyais pas trop, mais je devais leur laisser cette
possibilité."
A Stockholm, où l'on considère que le Sahara occidental est occupé par le Maroc, les autorités ont déclaré que la
réaction marocaine était "disproportionnée". "C'est étonnant car les positions suédoises sur le Sahara occidental sont les mêmes depuis trente ans", indique un
diplomate.
Aïcha Dahane, l'une des soeurs de Brahim Dahane, venue à Stockholm recevoir le prix à sa place, a profité de sa tribune
pour exhorter l'Union européenne (UE) à renoncer à "exploiter illégalement les eaux (très poissonneuses) du Sahara occidental" et a
remercié "la Suède pour son opposition au traité de pêche de l'UE qui autorise le Maroc à accorder des licences à des navires de pêche
européens". Une réaction suédoise est attendue dans les jours à venir.
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