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17 janvier 2010 7 17 /01 /janvier /2010 21:12

Par Yann Le Fennec

L’humanitarisme est l’avatar moderne du vieil humanisme bourgeois. Il a ses représentants, ses théoriciens, ses adeptes, ses infrastructures… L’humanitaire, c’est la révolution des dominants. Depuis la guerre du Biafra en 1967, qu’il soit mis en oeuvre par des organisations spécialisées de l’Etat ou des Nations unies, ou par des organisations dites non gouvernementales, il assume une fonction stratégique cruciale dans la direction stratégique et idéologique des guerres modernes.


SUR LE PLAN MILITAIRE ET STRATÉGIQUE, les opérations humanitaires sont parties intégrantes de l’offensive militaire. Selon les cas de figure, l’humanitaire permet notamment d’ouvrir de nouveaux fronts de combat en servant de couverture à des opérations armées, de maintenir la population dans un état de dépendance chronique qui pourra permettre, le moment venu, de lui faire accepter à peu près n’importe quoi, notamment un nouveau régime tout aussi exploiteur que le précédent, mais revêtu cette fois du label « démocratie ».

SUR LE PLAN IDÉOLOGIQUE, il représente la meilleure justification de ces opérations militaires présentées comme des offensives contre un régime et non contre ses populations, auxquelles on envoie des vivres. En effet, comment protester si la vindicte de l’Etat vise quelques démons isolés (hier, des « Etats voyous », aujourd’hui des « nébuleuses terroristes ») et non une population, à laquelle nous avons la bonté d’envoyer quelques caisses de nourriture ? Le seul problème est que les prétendues frappes ciblées, « chirurgicales », n’existent pas, sont irréalisables techniquement et, surtout, ne sont pas même le but de la guerre. Car, en plus des victimes directes des bombardements, il faut compter toutes celles et tous ceux qui crèveront de l’absence de nourritures, de soins, résultat des bombardements et qu’aucune aide humanitaire ne pourra jamais combler.

EN D’AUTRES TERMES, l’humanitaire est un instrument indispensable de la propagande menée par les Etats pour construire une « opinion publique », c’est-à-dire recourir à un arsenal idéologique subtil pour obtenir le consentement de ceux-là mêmes qui seront les victimes, les perdants de toute guerre capitaliste : les exploités d’« occident » ou d’« orient ». Et quoi de plus facile que de balancer quelques tonnes de vivres humanitaires pour soulager la bonne conscience des dirigeants occidentaux et neutraliser préventivement toute velléité de lutte réelle ? ENFIN, l’humanitarisme est attaché à une neutralité bienveillante, un « apolitisme » qui est de fait un auxiliaire de tous les pouvoirs existants; il ne désignera jamais les causes réelles de la guerre. Il représente un substitut à toute contestation sociale réelle et menaçante pour l’ordre international en confiant à des organismes spécialisés cette fonction critique déformée en une tâche de gestion bureaucratique des « effets pervers » du militarisme.

Comme cela semble se passer actuellement à Haïti !

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