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23 avril 2010 5 23 /04 /avril /2010 00:27

 

 

Camarades

 

 Les nouvelles du monde nous parviennent malgré les murs et les barreaux qui nous séparent physiquement de lui et je tiens donc tout d’ abord à vous féliciter et à vous présenter au nom de mes camarades de prison tous nos vœux en ce jour qui célèbre les 90 années d’existence de luttes et d’existence du mouvement des Jeunes communistes français.

 

Cette célébration coïncide avec celle du 17 avril qui est en Palestine la journée des prisonniers palestiniens ( Yom al Assir al Falistini). Et de ce point de vue cette année ce mois d’ avril sera marqué par toute une série de diverses manifestations concernant la cause des prisonniers politiques, leurs droits et notamment le droit de visite qui n’ est pas accordé a un grand nombre de familles et ceci particulièrement celles de Gaza au prétexte de la capture du Caporal franco-israélien Gilad Shalit.

 

Les familles gazaouïes n’ont pas vu leur prisonniers depuis plus de 4 ans .Tous les prisonniers et nos familles sont solidaires des gens de Gaza soumis à un blocus inhumain et illégal en ce qu’il constitue une punition collective et cela par l’état soi disant démocratique d’ Israël Je sais votre attachement à la cause palestinienne et votre solidarité sans laquelle notre combat s’essoufflerait vite

 

Je sais que vous avez fait beaucoup d’ actions pendant les bombardements israéliens sur Gaza ,les manifestations, les mouvements de solidarité, les dons, vos interventions auprès des gouvernements européens et Français si souvent sourds et aveugles, la marche pour la liberté cet hiver pour Gaza sont autant de gestes forts qui montrent au peuple palestinien qu’ il n’ est pas seul dans son difficile combat . Votre jeunesse et la notre doivent continuer à lutter ensemble afin d’atteindre notre objectif d’ un État palestinien libre, souverain et indépendant.

 

Malgré tous les efforts et les campagnes de soutien auxquelles vous participez sans faiblir, le gouvernement français reste bien en retrait concernant ma situation, il faudrait parait- il que je présente des excuses pour enfin sortir de ces prisons où on m’a enfermé depuis 5 ans.

 

La France demande sans faiblir la libération du caporal Franco –israélien Shalit qui appartient à une armée d’ occupation et qui a été capturé les armes à la main sur son char mais elle ignore les 10.000 prisonniers palestiniens dont des enfants, des femmes, des prisonniers vieux et malades enfermés dans les geôles de l’ occupation, parfois depuis avant les accords d’ Oslo : certains d’ entre eux sont en cellule avec moi, leurs enfants ont grandi, se sont mariés et eux sont toujours derrière les barreaux, ont passé leur vie derrière les barreaux.. Triste record, les prisonniers palestiniens passent leur vie derrière des murs à ne pas voir la vie passer ….. Ils sont des numéros, anonymes. Avec vous , nous pouvons combattre cette injustice et continuer à nous battre pour que le droit international soit appliqué, lutter ensemble pour nos droits légitimes, un état palestinien avec Jérusalem-Est comme capitale, la libération des prisonniers politiques ( n’ oublions pas nos camarade Marwan Baghouti et Ahmad Saadat ), le droit retour des réfugiés.

 

Merci a vous camarades, merci aussi au journal l’Humanité qui me permet de m’exprimer et de parler de nos conditions en prison. Merci à son directeur Patrick le Hyaric et à Jean-Claude Lefort qui nous soutient depuis le début et que j’ai hâte de revoir bientôt. Vous avez le salut fraternel et combattant de tous les camarades palestiniens


Salah

 

 

 


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23 avril 2010 5 23 /04 /avril /2010 00:16


De
Le président bolivien Evo Morales a ouvert mardi, à Cochabamba la « Conférence mondiale des peuples sur le changement climatique et les droits de la Terre Mère» en dénonçant la responsabilité historique du capitalisme dans la dégradation de l'environnement. Passons sur la référence chamanique à la «Terre Mère » et retenons de la conférence de Cochabambala volonté de répondre, par une sorte d'« appel à la base » au fiasco de celle, en décembre dernier, de Copenhague sur le climat. « Ou c'est le capitalisme qui meurt, ou c'est la planète » , affirme le président bolivien -qui l'avait déjà dit, en d'autres termes, à Copenhague. Mais à Copenhague, Morales parlait à des sourds volontaires. A Cochabamba, il entend parler aux mouvements sociaux et aux peuples. On change de registre, on hausse l'ambition : on ne cherche plus à

« écologiser» le capitalisme, on s'organise pour mettre fin à un modèle de développement fondé sur la mercantilisation de tout, l'exclusion de tous ceux qui n'ont pas les moyens d'accéder au marché global, le pillage des ressources non
renouvelables et la destruction de tous les écosystèmes, sans exception.
La conférence bolivienne s'est ouverte en pleine éruption islandaise. A la dénonciation politique exprimée par Morales, il fallait une démonstration par l'exemple de l'absurdité du système économique : notre camarade Eyjafjallajokull l'a donnée en clouant au sol la quasi-totalité de l'aviation civile européenne.

Un indien bolivien, un volcan islandais, what else ?


« Comme on pouvait le craindre, notre soi-disant leadership n'a inspiré personne », observait un député européen après le fiasco de Copenhague. Et d'expliquer que « les Chinois et les Indiens ne voulaient pas de chiffres, un point c'est tout ». Et surtout pas des chiffres proposés par une Union Européenne qui ne respecte ses engagements qu'en achetant massivement des droits de polluer à des pays tiers... Le G77, le groupe des pays en développement, était ressorti de Copenhague écartelé entre
les pays exportateurs de pétrole, qui pouvaient se féliciter de l'échec de la conférence puisque le pétrole a finalement été plébiscité par les pays « émergents » (la Chine, l'Inde, le Brésil...) comme une condition de leur développement, et les Etats insulaires, dont plusieurs sont condamnés à mort par le réchauffement climatique et la montée des eaux
océaniques, les autres se préparant à perdre une bonne partie de leurs territoires habités. Au-delà du constat de son fiasco, Copenhague nous avait cependant donné quelques raisons de ne pas désespérer : la convergence des mouvements sociaux (féministes, paysans, syndicaux, solidaires, pacifistes, altermondialistes. ..) et l'importance prise par
les luttes des peuples indigènes qui conjuguent, dans la défense de leur cadre de vie, la défense de l'environnement et la défense des droits humains fondamentaux. Ces mouvements et ces peuples ne sont pas des lobbies : leur terrain de lutte est la rue ou la forêt, non les bureaux ou les salons. Ce sont eux que Morales a invité à Cochabamba, aux côtés de représentants des quelques gouvernements qui n'acceptent pas le véritable diktat productiviste imposé à Copenhague par les plus gros  pollueurs de la planète. Et puis, à ces raisons d'espérer que nous offre Cochabamba, si une véritable mobilisation populaire mondiale en sort, s'ajoute notre jubilation à l'activité extraordinairement subversive d'un camarade islandais au nom imprononçable, même pour les fervents lecteurs que nous sommes de Halldor Laxness et Arnaldur Indridasson : le camarade Eyjafjallajokull, volcan de son état, qui en quatre jours a mis à nu à la fois l'absurdité et la fragilité des économies «développées» et le cynisme de leurs acteurs : L'association des compagnies aériennes européennes (l'AEA) a réclamé le 20 avril une aide financière publique pour compenser les pertes subies par l'arrêt des vols pendant que s'ébrouait le camarade Eyjafjallajokull et que migrait son nuage. Nous voilà donc, après les banques, avec une nouvelle branche de l'économie libérale qui mendie des caisses publiques les moyens de sa survie. De ce
spectacle aussi nous sommes redevables au camarade Eyjafjallajokull. En décembre prochain, au Mexique, se tiendra une nouvelle conférence sur le climat. L'apport conjoint de la conférence bolivienne et de l'éruption islandaise n'y seront pas de trop !

 


 


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4 avril 2010 7 04 /04 /avril /2010 00:39
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1 avril 2010 4 01 /04 /avril /2010 23:46

 

 

J'ai assisté à l'hommage rendu à Redouane Osmane, et voici ce que j'aurai voulu lui dire, tout simplement :
Lors de son enterrement j'ai rencontré son père...

 

Par Si Mohamed Baghdadi


image




Photo du syndicaliste Redouane Osmani

Le Père



Le père était au bord de la tombe
Et regardait son fils
Entrer en terre
Pour son dernier voyage…

 

 

1

 

Il regardait Redouane
S'en aller à jamais
Dans le froid de décembre
et son soleil mouillé

 


2


Habillé de silence
Les yeux fixes et le regard tranquille
Les lèvres closes sur la douleur
qui lui mangeait le foie
et lui broyait le cœur
il regardait son tout petit
devenir bien grand
aux yeux de l'immense foule
qui l'emportait
pour son dernier voyage…
de son tout petit
accompagné
par les youyous des femmes
envolés vers le ciel
comme autant de colombes
porteuses de tous les clairs messages
que seuls les hommes au franc courage
ont su planter dans ta terre Algérie
comme un soc de féconde rupture
de fertile ouverture

 


3

 

Le visage sec et anguleux
dévoré par une barbe
qui se riait du temps
le corps noueux
comme branche d'olivier
muré dans le silence
de douleurs que personne ne devine
Le Père était passé
de l'autre côté du monde
pour parler à ce fils
dont tout le monde parlait…
Psalmodies et chuchotis
osselets blanchis
par le temps
roulant de tombe en tombe
pour venir lui narrer de son tout petit
les luttes et les marches rageuses
les rondes et les grèves orageuses…
Pour la première fois il écoutait
une voix que personne n'entendait…

 


4

Pour la première fois
Il voyait des mains se lever
vers le soleil mouillé
D'un décembre aux désastres annoncés
De temps à autre ….
il entendait
Murmures et litanies rouler
telle une vague pleine
Dans les ressacs du temps …
puis venir s'échouer
Sur la grève
des mémoires oublieuses
De tous les hommes courage
Pourfendeurs d'impostures
Venus s'endormir comme son petit
Dans cette tombe étroite et froide
Pour un si long sommeil…

 


5

Pour le première fois il entendait
Tous les messages portés
Par les youyous des femmes
Colombes aux ailes déployées
Par-dessus les impostures
Et les tous les sacs ordures

 

 

6


Le Père était au bord de la tombe
La kachabia des angoisses mortelles
Sur ses épaules frêles
les pieds nus
Dans ses claquettes de plastique bleu
En ce froid de décembre…
Mais le Père n'entendait plus rien d'autre
que son fils lui parler
par delà tous les mensonges du monde
De la vie à l'envers qui allait commencer…
Lorsqu'un homme s'est avancé
Et sur son front a posé une larme
Une seule
Et puis s'en est allé…
S'endormir à côté de Redouane
A jamais [s1] .


S.M.B

 


[s1]Redouane va reposer dans la tombe de son frère

 


 

 

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16 mars 2010 2 16 /03 /mars /2010 21:26

 

promenade samedi 24 avril 2010 (en français)

Frans De Maegd guide "Marx à Bruxelles"

Organisation: Institut d’études marxistes (INEM asbl) www.marx.be
En collaboration avec le Centre international www.centreinternational.be

Guide : Frans De Maegd (les explications seront données uniquement en français)

Programme :

Nous allons nous promener à travers le centre historique de Bruxelles sur les traces de Karl Marx, qui y a vécu comme réfugié politique de 1845 à 1848. Avec son ami Friedrich Engels, et aidé par sa femme Jenny von Westphalen, il y effectua un travail considérable. La plupart du temps, la famille vivait dans une profonde misère. Juste avant d’être chassé de Belgique, Marx écrivit avec Engels le Manifeste du parti communiste.

Pour savoir plus sur la vie de Marx à Bruxelles, lisez cet article.

Pendant la promenade, nous nous arrêterons aux endroits où Marx a vécu et travaillé, comme le café Le Cygne à la Grand-Place. Mais à tous les endroits et monuments dont regorge le centre de Bruxelles, nous raconterons comment Marx et les marxistes considéraient les événements tels que la Révolution belge de 1830 (dans le parc de Bruxelles), le développement du capitalisme en Belgique (au siège de l’ancienne Société Générale), la révolte des Gueux en 1566 (au monument aux comtes d’Egmont et de Horne au Sablon), etc.

Pratiquement

La promenade commence sur les marches de la cathédrale Saints-Michel et Gudule (gare et station de métro Gare centrale) à 14 h et se termine, après environ deux heures et demie, dans les alentours de la Grand-Place vers 16 h 30.

Prix : 4 €, à verser sur le compte no 001-1660379-09 de l’Inem, avec la mention « Marx à Bruxelles, 24 avril 2010 ».

L’inscription et le paiement préalables sont obligatoires au moyen du bon ci-dessous.
Vous êtes définitivement inscrit à partir du moment que nous avons reçu votre paiement.


Nombre maximum de participants : 20.
Plus d’informations :promenades@marx.be


Contact :

Djamal Benmerad 00 32 (0) 471 30 11 01

                    Ou

Institut d’études marxistes asbl
68 rue de la Caserne
1000 Bruxelles
Tél. : 0476 384 537

 

 

 

 

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8 mars 2010 1 08 /03 /mars /2010 23:07
Publié par Patrick Girard qui l'a repris du site du Comité Valmy

Le document qui accable Hardy
et... de Bénouville


"Rivalité entre résistants"... Oui mais c’est un peu court. Jusqu’où s’est manifesté cette rivalité qui ne s’arrétait pas à celle des ego ? L’étude de l’histoire de la Résistance montre qu’il s’agissait déjà de l’affrontement de deux visions stratégiques entre les partisans de l’indépendance nationale et de la République et ceux qui ne pouvaient concevoir l’avenir qu’à travers leur soumission consentie à la domination étasunienne. C’est à dire d’un coté, Charles de Gaulle, Jean Moulin, les communistes et bien d’autres patriotes aux sensibilités diverses, avec en face d’eux et de l’autre coté, en premiers lieu et entre autres, les vichysto-résistants déjà - par obsession anti-communisme - inféodés idéologiquement comme dans la pratique, aux dirigeants étasuniens dont ils deviendrons les vassaux euro-atlantistes après la guerre.

La vraie question pourrait bien être : est-ce que les dirigeants américains ont joué un rôle, via leurs agents dans la Résistance, dans ce qui fut en réalité , l’élimination politique de Jean Moulin ?


Claude Beaulieu


 


jean-moulin

 


Qui a causé la perte de Jean Moulin ? Depuis soixante ans, les versions contradictoires se succèdent. L’historien Jean-Pierre Azéma apporte un éclairage nouveau sur le drame de Caluire *.


 

Le 21 juin 1943, vers 15 heures, trois tractions noires du Sicherheitsdienst (SD, Service de sécurité) de Lyon stoppent devant le domicile du Dr Dugoujon, place Castellane, à Caluire. A la tête des hommes du service de renseignements et de sécurité du Reich, le lieutenant SS Klaus Barbie fait arrêter tout le monde : les patients du médecin, mais aussi, surtout, les participants à une rencontre réunissant, dans sa demeure, de nombreux responsables de la Résistance intérieure. Parmi eux, un certain Jacques Martel, décorateur de son métier. En fait, Jean Moulin, alias « Max », « Régis » ou « Rex », ancien préfet d’Eure-et-Loir devenu le délégué général de la France libre dans l’Hexagone occupé et qui, atrocement torturé, succombera quelques jours plus tard lors de son transfert vers Berlin. « Arrêt cardiaque » (Herz-lahmung), fut la pudique expression employée par le médecin légiste allemand, le SS Beschke. Cet épisode constitue l’une des pages les plus sombres, dans toutes les acceptions du terme, de l’histoire, pourtant singulièrement dramatique, de la Résistance française. Depuis soixante ans, témoins et acteurs directs ou indirects de l’événement, historiens, journalistes, pamphlétaires et cinéastes n’ont cessé d’en proposer des versions contradictoires, lorsqu’elles ne sont pas carrément le prétexte à d’âpres règlements de comptes entre anciens de cette armée des ombres jadis magnifiée par André Malraux.


Traquer le traître

Longtemps, en dépit des deux acquittements dont bénéficia l’intéressé, René Hardy, un agent de Combat, retourné par les Allemands après son arrestation à Mâcon dans la nuit du 7 au 8 juin 1943, fut considéré comme le « traître », celui qui avait mené Klaus Barbie vers la porte du Dr Dugoujon. Puis quelques esprits retors, guidés par une vision policière de l’histoire, Jacques Vergès et Gérard Chauvy en l’occurrence, accusèrent l’une des plus grandes figures de la Résistance intérieure, Raymond Aubrac, présent à Caluire, que Lucie, sa femme, réussit à soustraire aux griffes de la Gestapo. Parallèlement, on vit Henri Frenay et Thierry Wolton, rejoints par Henri-Christian Giraud, le petit-fils du principal rival de De Gaulle, nous servir la sauce d’un Moulin compagnon de route du PCF et agent des services secrets soviétiques, cependant que Jacques Baynac le soupçonnait d’avoir trahi de Gaulle au profit du général Giraud et des Américains.

Dans la très sérieuse biographie qu’il consacre à Jean Moulin, l’historien Jean-Pierre Azéma, éminent spécialiste des années noires de l’Occupation, s’en tient, en apparence, à une position classique. Il ne fait aucun doute, à ses yeux, que René Hardy avait bien trompé ses camarades et était devenu un Gegenagent, un contre-agent du SD. Il en veut pour preuve le fameux rapport Flora, rédigé le 19 juillet 1943 par Ernst Dunker, chef du bureau marseillais du SD, dans lequel celui-ci - qui avait déjà à son actif le retournement aux conséquences catastrophiques d’un autre résistant, Multon - mentionne « Didot », c’est-à-dire René Hardy.


La « vérité » des Allemands

C’est ce rapport Flora, retrouvé à la Libération, en septembre 1944, qui entraîna l’arrestation de Hardy, alors membre du cabinet d’Henri Frenay, ministre des Prisonniers. Dans son livre, Jean-Pierre Azéma en cite de larges extraits - enfin, serait-on tenté de dire, tant ce texte, souvent évoqué, reste très largement inconnu du grand public. Et que dit-il ? Ceci : « Didot / Hardy, en qualité d’agent double de l’EK de Lyon, permit l’arrestation, à l’occasion d’une rencontre à Lyon, le 25 [sic] juin 1943, de Moullin [sic] alias Max, alias Régis, Délégué personnel de De Gaulle, président du comité directeur des MUR en même temps que de cinq chefs des Mouvements unis »... Le document, on l’a dit, était connu des spécialistes. Il fut même l’une des pièces maîtresses brandies par l’accusation en 1947 lors du premier procès Hardy. Mais la défense, en l’occurrence Me Maurice Garçon, obtint qu’il n’en soit pas tenu compte dans les débats, puisqu’il s’agissait d’un texte allemand, donc nécessairement suspect...


Apparemment, il n’y a rien de très nouveau dans le livre de Jean-Pierre Azéma, hormis le fait qu’il constitue sans doute la meilleure synthèse publiée à ce jour sur Jean Moulin. Apparemment seulement. Car établir définitivement - en dépit des dénégations de l’intéressé jusqu’à sa mort - la culpabilité de René Hardy permet à l’auteur de débusquer une « affaire dans l’affaire ».

A ses yeux, deux membres de Combat, qui avaient prévenu le « traître » de la tenue d’une réunion à Caluire, tout en sachant qu’il avait été arrêté peu de temps auparavant, seraient sinon « coupables », tout du moins « responsables » de l’arrestation de Moulin. Leurs noms : Henri Aubry, un officier de la coloniale, et... Pierre Guillain de Bénouville, ami de François Mitterrand, compagnon de la Libération, député gaulliste et éminence grise de Marcel Dassault. Pis, leur « imprudence » ne serait pas le seul fruit du hasard, mais la conséquence quasi inéluctable des relations exécrables entre « Max » et les dirigeants de Combat, en particulier Henri Frenay et Bénouville.

Une thèse largement reprise dans le téléfilm de Pierre Aknine, Jean Moulin, une affaire française, diffusé sur TF1 en janvier 2003, mais que Jean-Pierre Azéma aie mérite d’étayer par une longue analyse à partir d’archives inexploitées jusqu’à ce jour. Azéma montre bien, en effet, que, dans les semaines qui précédèrent la réunion de Caluire, deux graves différends opposèrent le délégué de De Gaulle à Frenay et à ses compagnons. Le premier concernait le contrôle de l’Armée secrète (AS) : le commandement en avait été confié au général Delestraint, du moins jusqu’à son arrestation le 9 juin l943, alors qu’Henri Frenay estimait qu’il aurait dû lui revenir, ou que Delestraint aurait dû être placé sous son autorité directe, et non sous celle de Londres.

Le second point de désaccord portait sur la tentative de Combat d’ouvrir une délégation à Berne (Suisse) et d’obtenir, moyennant la livraison d’informations politiques et militaires, un financement et une aide logistique de l’OSS, les services secrets américains. Un succès, en ce domaine, aurait permis à Frenay de marginaliser Moulin et d’acquérir une marge de manoeuvre appréciable vis-à-vis de la France libre avec laquelle le président Roosevelt était alors en conflit ouvert. Averti des tractations menées en territoire helvète dès le 25 avril 1943, Jean Moulin aurait réussi, selon Azéma, à saboter cette manoeuvre et à placer Frenay et ses amis dans une position très critique par rapport à la « haute société résistante » : « En quelques semaines, écrit le biographe, Frenay devenait persona non grata auprès des responsables de la France libre, qui estimaient sa conduite inadmissible dans l’affaire suisse, auprès de Moulin [...], mais aussi auprès des dirigeants de Franc-tireur et de Libération-Sud. »

En juin 1943, la rupture était donc consommée entre Moulin et Frenay, et plus encore entre Moulin et Bénouville, principal artisan de la manoeuvre suisse. D’où la benoîte mais énorme affirmation d’Azéma : « Disons plus simplement que Moulin est mort d’avoir maintenu strictement un cap gaullien, au point que le contrôle de l’AS devenait pour Frenay et les siens un enjeu primordial, après qu’ils eurent cru que l’implantation de leur délégation en Suisse leur permettrait d’obtenir financement, parachutages d’armes et autonomie à l’égard de Londres. Voilà qui justifiait aux yeux de Bénouville qu’on puisse prendre - et faire prendre - bien des risques. » En un mot, l’arrestation de Moulin serait le résultat tragique d’un règlement de comptes, la conséquence de l’affrontement entre Londres et la Résistance intérieure, dans lequel François Mitterrand - qui se disait convaincu de la « faute » commise par son ami Bénouville à Caluire - voyait l’élément essentiel de l’histoire de la Résistance et la préfiguration de sa longue et solitaire opposition à l’homme du 18 juin.

A l’évidence, l’ancien président aurait fait son miel du livre de Jean-Pierre Azéma qui provoquera, on peut s’y attendre, de virulentes polémiques. On ne touche pas impunément à la mémoire d’un homme comme Pierre de Bénouville. Lors de la diffusion du téléfilm de Pierre Aknine, au début de cette année, Jacques Baumel, Pierre Messmer et quelques autres grandes figures historiques de la Résistance ont clamé haut et fort leur indignation.

Daniel Cordier, ancien secrétaire et biographe de Jean Moulin, se montrait plus prudent, en reconnaissant, le 8 janvier 2003 sur LCI : « Bénouville est évidemment responsable de l’arrestation de Jean Moulin. Avait-il l’intention de le livrer à la Gestapo ? Je réponds catégoriquement non. Sur ce point, je suis en total désaccord avec les deux films, celui de France 2 comme celui de TF1. Bénouville était un aventurier qui pouvait être de tous les coups fourrés du moment qu’il avait le sentiment d’y jouer un rôle. Mais il n’a pas pour autant pensé qu’il en voyait une bombe à Caluire en la personne de René Hardy.

Cette affaire a résulté d’une suite dramatique d’enchaînements dus au hasard, mais pas d’un complot. » Comment ne pas le suivre lorsqu’il affirme : « J’espère toujours qu’on trouvera un jour, quelque part, dans les archives, les documents nous permettant de connaître, enfin, toute la vérité. » De ce point de vue, la remarquable étude de Robert Belot**, qui vient juste de paraître, est une précieuse contribution. Sans aborder de front l’arrestation de Jean Moulin et l’éventuelle responsabilité de Bénouville, Robert Belot, le meilleur spécialiste de l’histoire de Combat, infirme partiellement certaines affirmations de Jean-Pierre Azéma, tant sur « l’affaire suisse » que sur l’attitude de Pierre de Bénouville envers « Max », de Gaulle et la France libre. La parole n’est plus dans le camp des « anciens combattants », mais dans celui des historiens.
Le livre d’Azéma ne clôt pas le débat sur le mystère de Caluire, il l’ouvre au contraire, et c’est sans doute ce qui le rend passionnant

 

 


 

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27 février 2010 6 27 /02 /février /2010 16:11



Incroyable destin que celui de ce fils de propriétaire terrien, devenu avocat, puis révolutionnaire en la Sierra Maestra, au début des années 1950. Cible de plus de 650 tentatives d’assassinat, il est toujours là, simplement là, au sommet de ses 83 ans, avec une plume qui lève les ombrages, dissipe les malentendus, pourfend l’hypocrisie, le mensonge et interpelle la conscience de toute personne de bonne volonté. Il est également là, simplement là, accueillant chefs d’État, intellectuels, croyants et non croyants. Il écoute, questionne, réfléchit et discute. Qui est-il donc cet homme que nos médias présentent toujours comme l’homme à abattre, l’ennemi numéro un des droits humains? Ici, en compagnie de Lula, le Président du plus important pays de l'Amérique Latine.
fidelu-1



Par 
Oscar Fortin  http://humanisme.blogspot.com

Il est et continue toujours d’être ce jeune cubain brillant, de famille aisée, converti, dès sa jeunesse, au drame des injustices qui accablaient alors des millions de cubains et de cubaines, toujours enchaînés à un système d’exploitation et de domination qui en faisait plus des bêtes de somme que des êtres humains. La nouvelle dictature de Batista, dominant la vie politique, économique et sociale, ne faisait que raffermir cette situation en y ajoutant son lot de corruption et de répression. Dans sa défense, en octobre 1953, lors du fameux procès faisant suite à l’attaque de la Moncada, il a ces paroles qu’il adresse à ses accusateurs et au jury: « Si en vos âmes il y reste un brin d’amour pour la patrie, d’amour pour l’humanité, d’amour pour la justice, alors écoutez-moi avec attention. Je sais que l’on me forcera au silence pendant de nombreuses années; je sais que l’on cherchera par tous les moyens possibles à taire la vérité; je sais que l’on fera tout pour qu’on m’oublie. Mais ma voix ne s’éteindra pas pour autant : elle recouvre d’autant plus de force dans ma poitrine que quand je me sens seul et elle trouve dans mon cœur toute la chaleur que les âmes orgueilleuses ne peuvent ressentir. » (Traduction libre : La Historia me absolvera, p.33) Cette prédiction, qu’il faisait en pensant aux années de prison qui l’attendaient et aux efforts déployés par ses adversaires pour que « son message » tombe dans l’oubli, deviendra la prédiction de ce que sera toute sa vie : prisonnier d’une désinformation des plus persistantes faisant de lui, faute de pouvoir en effacer le souvenir, un monstre d’humanité.
Mais voilà que l’Histoire prend sa revanche et nous livre de plus en plus l’étoffe de l’homme, ses véritables traits de révolutionnaire, sa passion pour une Humanité ouverte et non refermée, sa préoccupation pour l’éducation et la santé, sa conviction profonde que le développement passe par la solidarité et se nourrit de justice, de vérité, de compassion, de fraternité. Nous sommes loin de ces dictateurs qui ont occupé les premières places de la vie politique de ce Continent et qui ont semé la terreur auprès des plus démunis et la corruption auprès des plus opportunistes. Ce n’est pas pour rien que les victimes de ces régimes se reconnaissent de plus en plus dans ceux qui, comme eux, ont connu cette terreur. Rien de surprenant qu’ils trouvent en Fidel ce rocher qui a résisté aux tsunamis médiatiques et terroristes des plus variés pendant autant d’années sans perdre pour autant ce qui le rend si humain : sa simplicité et son humilité.
Il fut un temps où la Revue Forbes classait Fidel Castro parmi les hommes les plus riches de la planète. En 2006, je crois, il a mis tous ses détracteurs au défi de trouver un seul dollar de cette fortune dans quelque banques ou paradis fiscaux d’où qu’ils soient. « Si vous en trouvez un seul, je donnerai sur le champ ma démission comme Président de Cuba. » Une aubaine pour ses détracteurs. Depuis le temps qu’ils voulaient s’en débarrasser, l’occasion était belle et surtout facile, à en croire la revue Forbes, d’y arriver sans avoir à le tuer. Mais, il semble que les recherches n’aient pas donné les résultats attendus, puisqu’il est demeuré à son poste jusqu’à sa maladie en 2008 et que nous n’avons plus jamais réentendu parler de cette soi-disant fortune. Ce n’est pas tout. On évalue à plus de 95 milliards de dollars, les pertes encourues par Cuba en raison du Blocus économique qui perdure depuis plus de 50 ans. L’objectif recherché est que la Révolution cubaine soit un fiasco. Là encore, Cuba, tout en étant un pays très pauvre et en dépit des écueils semés sur sa route, a pu sortir, grâce à sa révolution, de la dépendance et se doter d’un système d’éducation et de santé qui fait l’envie de bien des pays développés. Chez lui, la solidarité fait partie de son destin. Il est actuellement un des plus actifs pour aider son voisin d’Haïti, victime de ce terrible tremblement de terre qui l’a secoué en janvier dernier. Avec ses 350 médecins y de nombreux éducateurs ils apportent assistance, supportent et accompagnent ce peuple courageux à se relever et à se reprendre en main. Pourtant, Cuba et Haïti ont eu longtemps la même histoire, le même destin d’esclaves. Il y a 55 ans et plus, ils étaient tous les deux sous la gouverne de dictateurs. Les populations vivaient en grande majorité sous la dépendance et l’esclavage. Que s’est-il donc passé pour que leur destiné ne les ait pas conduit au même endroit? Pendant que des milliards $ étaient régulièrement dépensés pour que la révolution cubaine échoue, des milliards d’autres étaient investis en Haïti, soit disant, pour assurer son développement. Nous en voyons, aujourd’hui les résultats. Qui, des deux systèmes, a permis les meilleures conquêtes humaines et institutionnelles? Qui compte le plus de morts violentes tout au long de ces 55 ans ?
Ce bref rappel est un devoir de justice et d’humanité à l’endroit de cet homme que déjà l’Histoire reconnaît comme un des plus grands des 60 dernières années et sans doute qu’elle proclamera un jour comme le Père de la seconde indépendance des pays de l’Amérique Latine et des Caraïbes. N’en déplaise à ses détracteurs, sa mémoire survivra à tous ces présidents et dictateurs qu’ils auront soutenus et corrompus, durant toutes ces années, pour mieux régner.
La flamme que porte Fidel en sa poitrine est toujours aussi chaleureuse et forte que celle qu’il évoquait dans ses premières années de lutte. La vérité, comme la lumière avec l’obscurité, finit toujours par faire reculer les frontières du mensonge.








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18 février 2010 4 18 /02 /février /2010 08:49



Havana, Cuba 1959 Photo Joseph Scherschel

... Ma rencontre avec Che Guevara, à La Havane, lui, très différente. Il était près d'une heure du matin quand je réussis à le voir, invité par lui dans son bureau du ministère des Finances ou de l'Économie, je ne sais plus très bien. Nous avions rendez-vous à minuit mais j'étais en retard, ayant dû assister à une cérémonie officielle où, de surcroît, j'étais assis a la présidence.

Le Che portait des bottes, un uniforme de campagne, et des pistolets à la ceinture. Sa tenue avait quelque chose d'insolite dans le cadre bancaire de l'endroit.

Il était brun et parlait lentement, avec un fort accent argentin. Il semblait fait pour bavarder tranquillement, dans la pampa, entre deux matés. Ses phrases, courtes, s'achevaient sur un sourire, comme s'il laissait en suspens le commentaire.

Je fus flatté par ce qu'il me dit du Chant général, Il avait pris l'habitude de le lire le soir à ses guérilleros, dans la sierra Maestra. Maintenant que les ans ont passé, je frémis en pensant que mes poèmes l'ont accompagné aussi dans la mort. J'ai su que dans les montagnes de Bolivie il avait gardé jusqu'à la fin deux livres dans sa musette : un manuel d'arithmétique et mon Chant général.

Cette nuit-là, le Che me dit une chose qui me déconcerta mais qui explique peut-être en partie son destin. Son regard allait de mes yeux à la fenêtre noire du bureau. Nous parlions d'une invasion possible, nord-américaine. J'avais vu dans les rues de La Havane des sacs de sable disséminés aux endroits stratégiques. Et soudain le Che déclara :

- La guerre... La guerre... Nous sommes toujours contre la guerre, mais quand nous l'avons faite nous ne pouvons vivre sans elle. A tout instant nous voulons y retourner".

Il réfléchissait à voix haute, et pour moi. Je l'écoutai avec une stupeur sincère. Je vois dans la guerre une menace et non un destin.

Nous nous quittâmes et je n'eus plus l'occasion de le rencontrer. Il y eut ensuite son combat dans la forêt bolivienne et sa mort tragique. Pourtant, je continue à voir dans le Che Guevara cet homme méditatif qui, durant ses batailles héroïques, réserva toujours, près de ses armes, une place pour la poésie.

En Amérique latine, « espérance » est un mot que nous chérissons. Nous aimons être appelés « le continent de l'espérance ». Les candidats à la députation, au sénat, à la présidence, se proclament « candidats de l'espérance ».

Dans la réalité, cette espérance est un peu comme le ciel promis, une promesse de paiement sans cesse retardée. On la reporte à la prochaine période législative, à l'année suivante, au siècle suivant.

Avec la révolution cubaine, des millions de Sud-Américains ont eu un réveil brutal. Ils n'en croyaient pas leurs oreilles. Cela ne figurait pas dans les livres d'un continent qui vivait désespérément en pensant à l'espérance.

Et voilà que tout à coup Fidel Castro, un Cubain que personne ne connaissait auparavant, attrapait l'espérance par les cheveux ou par les pieds et, au lieu de la laisser voler, l'asseyait à sa table, c'est-à-dire à la table et au foyer des peuples d'Amérique.

Depuis, nous avons beaucoup avancé dans ce chemin de l'espérance devenue réalité. Mais nous vivons sur une corde raide. Un pays voisin, très puissant et très impérialiste, veut écraser Cuba et l'espérance et tout le reste. Les masses d'Amérique lisent tous les matins le journal, et tous les soirs écoutent la radio, en soupirant avec satisfaction. Cuba existe. Un jour de plus. Une année de plus. Un lustre de plus. Notre espérance n'a pas été décapitée. Elle ne sera pas décapitée.



J'avoue que j'ai vécu, La poésie est un métier, p 476. Editions Gallimard, 1975, Traduction de Claude Couffont








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13 février 2010 6 13 /02 /février /2010 18:17

P1000416

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11 février 2010 4 11 /02 /février /2010 17:53

Heureux anniversaire pour ta vingtième année de liberté










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