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12 janvier 2013 6 12 /01 /janvier /2013 19:51

Par Hafid Azzouzi - El Watan le 12.01.13

Le HCA a mis à l’honneur la région du Gourara en hommage à Mouloud Mammeri qui avait fait un travail de recherche sur la poésie de l’Ahellil dans les années 1970. Cette année, le Haut-Commissariat à l’amazighité (HCA) a choisi la région de Timimoun, dans la wilaya d’Adrar, pour la célébration de Yennayer 2963, premier jour de l’an berbère. Un programme aussi riche que varié a été mis en place pour fêter cette occasion de manière grandiose. «Cette célébration est un hommage à Mouloud Mammeri qui a fait un grand travail pour la promotion du patrimoine immatériel de l’Ahellil. D’ailleurs, nous avons pensé à honorer les informateurs et les guides qui ont aidé Dda Lmulud dans la collecte des données anthropologiques et linguistiques. Notre objectif, à travers ces activités, est d’arriver à faire inscrire la journée de Yennayer dans le calendrier officiel des fêtes légale en Algérie», a déclaré Si Hachemi Assad, directeur de la promotion culturelle au HCA.

Le programme de cette manifestation se base particulièrement sur des activités culturelles ayant trait à Yennayer. Lors d’une table ronde animée, jeudi, à la bibliothèque municipale de Timimoun, les intervenants ont évoqué le projet d’élaboration d’un lexique de zénète, la langue du Gourara, cette région du Sud algérien peuplée d’un peu plus de 50 000 habitants d’origines berbère, arabe et soudanaise. «Il faut une base de données pour pouvoir arriver à élaborer un lexique pour la langue zénète», a fait remarquer Saïd Chemakh, enseignant au département de langue et culture amazighes de l’université de Tizi Ouzou.

De son côté, Mohamed Salem Benzaïd, chercheur, a estimé qu’il y a un grand espoir de «réhabiliter» cette langue qui est, selon lui, en voie de disparition. C’est pour cette raison qu’il a préconisé son enseignement afin de lui donner un nouvel élan et permettre aux enfants de l’apprendre dans les établissements scolaires. Le même intervenant a sollicité les responsables du HCA pour plancher sur un travail allant dans le sens de préservation de l’Ahellil, ce genre musical poétique qui «symbolise la cohésion du groupe dans un environnement difficile et véhicule les valeurs et l’histoire des Zénètes dans une langue, aujourd’hui, menacée de disparition, car la transmission à la nouvelle génération n’est pas assurée», a-t-il relevé.

«Grâce aux travaux de Mouloud Mammeri et de Rachid Bellil, l’Ahellil est classé par l’Unesco comme patrimoine immatériel international et le HCA est en train de travailler pour sa promotion», a expliqué Hamid Billek, sous-directeur au HCA. D’autres participants ont également mis l’accent sur la portée et la valeur du travail effectué par l’anthropologue Mouloud Mammeri dans la région du Gourara, dont les habitants gardent fièrement l’image indélébile de ce chercheur. «Quand Dda Lmulud est venu au Gourara, il a trouvé une vieille qui parlait parfaitement la langue des Zénètes. Il lui a promis de revenir pour recueillir ses témoignages mais, malheureusement, quand il est revenu, il l’a trouvé décédée. Avec la disparition des vieux de cette région, le zénète part progressivement avec eux», a souligné Djoher Amhis, professeur de lettres françaises qui a réalisé plusieurs ouvrages sur les auteurs algériens classiques de la période prérévolutionnaire.

La ville de Timimoun a ainsi accueilli la célébration de la première journée de l’an berbère dans une ambiance festive. Le coup d’envoi des activités a été donné, jeudi, sur des airs de la troupe folklorique locale qui a ouvert le bal de l’animation artistique de la fête de Yennayer que les organisateurs comptent marquer de manière grandiose. Une grande exposition a été mise en place à la bibliothèque municipale de la ville. En sillonnant les stands, on peut trouver, notamment, l’artisanat local livré au regard des visiteurs. Les participants ont ainsi étalé leurs produits dans une atmosphère de diversité.

D’ailleurs, on trouve, entre autres, de la poterie du Sud, de la tapisserie d’Adrar et des robes kabyles ainsi que différentes variétés de l’art culinaire. Un pavillon du mini-Salon du livre amazigh et un autre des comptes, lecture et écriture en langue de Mammeri y ont été également ouverts. «Classé patrimoine immatériel universel par l’Unesco en 2005, l’Ahellil tire sa spécificité de la manière dont il est exécuté, à travers des chants interprétés par des participants assis en cercle.

La ville de Timimoun consacre chaque année un festival pour ce genre d’animation folklorique locale qui est profondément enraciné dans la culture des populations de la région du Gourara», nous dira un membre de l’association Tifawt Dziri (la lumière et la lune), une structure qui active dans la protection et la préservation du patrimoine immatériel de la région. Le programme de la célébration de Yennayer ne s’arrête pas là, puisque la consécration de Yennayer comme symbole du patrimoine culturel amazigh était en débat, hier, lors d’une conférence donnée par des représentants sur les différentes variantes de la langue berbère. Abdelkader Bendaoud, militant de la cause amazighe (Chenoua), a souligné que le rituel de Yennayer, qui se limitait avant à une célébration familiale, devient, aujourd’hui, une occasion fêtée à l’échelle communautaire par l’organisation des actions à travers plusieurs wilayas du pays.

«L’officialisation de la fête du nouvel an berbère est une nécessité, car toutes les autres fêtes célébrées individuellement ou collectivement par le peuple algérien sont institutionnalisées et pourquoi pas celle de Yennayer», a-t-il laissé entendre. Badi Dida (Touareg), chercheur au niveau du Centre national de recherche en anthropologie, préhistoire et histoire d’Alger (CNRAPHA), a relevé qu’avant la création du HCA, le premier jour du calendrier amazigh était marqué dans un cadre familial restreint dans les différentes régions comme le Ayred de Beni Snous, Imensi n’Yennayer en Kabylie et la Sbiba chez les Toureg. «Maintenant, même si elle n’est pas encore devenue officielle, cette journée a une dimension nationale», a-t-il souligné. Hacène Halouane (Kabylie), Kada Irdjouli (Gourara) et M’hend Zerdoumi (Aurès), eux aussi, ont plaidé pour l’officialisation de Yennayer.

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