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C'est l'espace (un de plus mais il n'y en a jamais assez) des sans-voix, des opprimés, mais aussi celui des femmes et des hommes qui agissent pour le plus grand bien de la Révolution.

Pour une agriculture plus respectueuse de la ressource en eau

J’ai participé ce samedi 4 septembre à un rassemblement aux écluses de Bernouët à Saint-Jean d’Angély.  Il s’agissait de dénoncer le problème de la monoculture du maïs. Le maïs est une plante tropicale inadaptée aux sols et au climat de Poitou-Charentes, qui a besoin d’énormes quantités d’eau en plein été.  Cette culture assèche donc tous les étés les rivières de la région et vide les nappes phréatiques.

Voilà le discours que j’ai tenu à cette occasion:

« En tant que députée européenne, je suis ravie d’être avec vous aujourd’hui pour mieux comprendre ce qui se passe et stupéfaite de l’ampleur des dégâts.

Bretonne, je connais très bien la situation extrêmement dégradée de l’eau et des rivières de Bretagne et de son littoral.

Par mes amis Verts et nos campagnes électorales ou de sensibilisation communes je connaissais les difficultés de Poitou-Charentes.

Je ne reviendrais pas sur les données chiffrées que nos amis des associations et les élus d’ici qui osent partager publiquement leur diagnostic nous ont données à l’occasion de cette manifestation. Vous avez clairement posé les problèmes et donné des pistes d’action. Et je ne doute pas que vous ayez tenu le même discours dans les instances de concertation sur l’eau. Ce courage vous honore.

Je retiens quelques éléments forts de cette matinée et des informations qui y ont été partagées :

– Si le préfet de Poitou-Charentes avait un quelconque respect pour les engagements européens de la France en matière de droit à l’eau et à un environnement de qualité il ne pourrait pas soutenir, comme il le fait publiquement depuis sa prise de fonction, qu’entre les demandes des irrigants, qu’il rencontre bien plus volontiers et souvent, et celles des associations sont choix est fait… au profit des irrigants et d’une certaine conception de l’économie agricole que nous dénonçons.

Il aurait en tête l’impératif du retour au bon état biologique des nappes et rivières de son territoire pour 2015.

Il aurait en tête que l’Europe n’est pas là pour financer à la fois des politiques désastreuses pour l’environnement, comme la version de la PAC mise en place en France, et les réparations de ces dégâts. Bien au contraire, le mouvement de fond et nous le soutiendrons au Parlement européen lors des discussions sur la réorientation de la PAC, est d’abord de mettre en place des politiques qui protègent durablement notre environnement, la qualité des eaux et le respect des flux naturels ainsi que la biodiversité. Ceci n’est pas incompatible avec une politique agricole forte et nourricière pour l’Europe, bien au contraire.

Mais ce préfet de France, en digne représentant du gouvernement français, soutenu par M. Bussereau, président de ce département de Charente-Maritime, ancien ministre de l’agriculture, a pour vision, et sans doute pour consigne, de soutenir sans relâche la mise en place de ces fameuses bassines. Bassines si bienvenues pour les travaux publics et pour quelques dizaines d’irrigants privilégiés qui n’ont que faire du désarroi de leurs très nombreux collègues agriculteurs qui n’auront jamais accès à ce privilège de l’eau payé sur fond public pour un profit privé. Ce sont là des millions d’euros qui ne vont pas aux céréaliers, éleveurs, maraîchers ayant fait des choix conventionnels plus sobres en investissement ou celui de l’agriculture biologique. Ce sont là des distorsions de concurrence et d’accès aux fonds publics inacceptables.

– C’est pour soutenir l’économie affirment tous les élus et leurs amis du syndicat agricole majoritaire qui voient dans le productivisme agricole la clé de l’avenir. On m’a dit pourtant que sur le seul bassin de la rivière Boutonne, en Deux-Sèvres, dans les secteurs de première catégorie, la pêche à la truite représentait avant l’irrigation une attraction et un chiffre d’affaire de 15 millions d’euros par an, tombé à presque zéro aujourd’hui. De même, j’ai appris que la moitié des éleveurs laitiers ont cessé leur activité et que l’activité lait est même totalement menacée ne serait-ce que par la trop faible densité des producteurs gonflant les coûts de ramassage.

La Charente-Maritime et les Deux-Sèvres sont des départements mis à l’index européen pour la mauvaise qualité des eaux au même titre que la Bretagne sinistrée. La France risque des amendes coûteuses et justifiées, mais qui seront à la charge du citoyen comme d’habitude.

– Enfin je constate qu’ici comme en Bretagne les activités du littoral souffrent. En Bretagne les algues vertes menacent gravement le tourisme littoral. Ici ce sont les ostréiculteurs et les mytiliculteurs de la Baie de l’Aiguillon et des Pertuis charentais qui sont touchés. Une eau de mauvaise qualité, des quantités qui n’arrivent plus naturellement aux bons moments dans les phases naturelles de développement des mollusques et c’est le drame d’une profession qui voit s’effondrer ses capacités de production (jusqu’à 90% de mortalité des naissins d’huîtres) et ses effectifs.

En quoi cela est-il profitable à l’économie régionale ? Comment peut-on argumenter que les bénéfices de l’irrigation sont supérieurs à tous ces problèmes graves ?

Si je suis désolée des constats que je fais ici sur l’utilisation par la France des fonds agricoles européens, je suis heureuse de savoir que je vais pouvoir partager non seulement avec le groupe des élus Verts mais aussi avec bien d’autres députés de tous pays et de sensibilités diverses la conviction que cela ne peut plus durer. Vous pouvez compter sur la détermination de notre groupe écologiste et l’engagement pour faire bouger les lignes lors de la prochaine révision de la PAC en 2013. Mes collègues de la Commission Agriculture y travaillent déjà d’arrache pied. Et les combats que vous menez ici sur le terrain vont nous aider. Je sais que vous êtes de plus en plus nombreux. Nous comptons sur vous et vous pouvez compter sur nous.«  

Nicole Kiil-Nielsen, le 6 sept. 2010


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