C'est l'espace (un de plus mais il n'y en a jamais assez) des sans-voix, des opprimés, mais aussi celui des femmes et des hommes qui agissent pour le plus grand bien de la Révolution.
Il y a bien longtemps
vivait au coin de ton regard
un beau jeune homme
(du moins ton regard le rendait-il beau et jeune)
toi-même en ce temps-là tu rêvais
plus que tu ne vibrais
Un soir le beau jeune homme
posa aux coins de ton regard
deux larmes
rondes et transparentes
le matin venu tes paupières s'ouvrirent
et les gouttes coulèrent des deux côtés
à présent tu as une fossette
sur chaque joue
et là
à travers ces gouttes
tu pus voir le beau jeune homme
(du moins ton regard le rendait-il beau et jeune)
Un soir le beau jeune homme
vint près de ton lit
où rêvant tu pleurais
sa bouche sur ton front
imposa le silence
deux rides invisibles se creusèrent
dès lors tu avais déjà un âge :
celui d'aimer
Un autre soir le beau jeune homme
profitant de l'absence de lune
pénétra dans ton sommeil
s'assit sur le bord de ton lit
et un peu de ses cheveux
toucha ton ventre nu
le matin venu
tu avais déjà un désir
dès lors plus rien ne s'opposait
au retour du beau jeune homme
(du moins ton regard le rendait-il beau et jeune)
Un soir le beau jeune homme
mêlant son souffle
à la musique du vent
te murmura un poème
là
tou près de l'oreille
le matin venu tu avais déjà des cernes
femme et belle tu étais
tu chuchotas enfin :
je t'aime
Alors le soleil fit le serment
désormais d'accorder à vos cheveux
des reflets identiques
Djamal Benmerad