Par Djamal Benmerad - <le.brasier@yahoo.fr>
Le wahabisme, doctrine puis idéologie
Le wahhabisme fut fondé en jour 1745 dans l’actuel Arabie saoudite et prit le nom de son créateur : Mohammed Abd el-Wahhâb Ibn Saoud né en
1703. Cette doctrine, qui sera plus tard, la doctrine de l’Etat saoudien et qui lui donnera, pour les besoin de son exportation, le nom générique de Salafisme, du mot salaf
désignant les origines de l’Islam. C’est donc un mouvement fondamentaliste qui doit être propagé par la prédication et/ ou la violence, c’est-à-dire le jihad compris dans sa
version armée.
L’un des premiers adeptes de Mohammed Abd el-Wahhâb fut un petit chef local de la petite ville de Dâriya, nommé Muhammad Al-Saoud, qu'il convertit à
ses vues théologiques et politiques et qui sera le fondateur del’Etat saoudien qui portera son nom.
A la tête de quelques tribus et aidé par les Anglais qui financèrent ses expéditions, Muhammad Al-Saoud conquiert des territoires qui formeront l’Arabie
saoudite et se proclamera roi de cet Etat en 1926, Etat auquel il donnera son nom. Il en fera un Etat théocratique basé sur le wahhabisme qui, de doctrine, se transformera en idéologie d’Etat.
Les Ulémas (savants de l’Islam), organisation embryonnaire à l’époque, confortèrent son pouvoir en proclamant une fetwa (édit) qui disait qu’il était interdit de se
révolter contre le détenteur du pouvoir. Cependant, quelques années plus tard, ils énoncèrent une fetwa qui déclarait « illicite toute
violence commise au nom de l’Islam ». Pour cela ils furent tous massacrés.
Toute idéologie a besoin d’expansion et le wahhabisme ne fera pas exception. La découverte d’immenses gisements de pétrole en 1938 permettra cette expansion dont
l’instrument sera la Ligue Islamique Mondiale, fondée en 1962, qui sera favorisée par le Pacte de Quincy (The Quincy agreement) conclu avec les Etats
Unis d’Amérique.
Le « Pacte de Quincy », c’est par cette appellation que sera désigné dans
l’histoire l’accord qui sera conclu entre les Etats Unis et l’Arabie saoudite ce que notre confrère René Naba considère à juste titre comme une « relation de vassalité »(1)
C’est le 14 février 1945 qu’eut lieu, à la demande du roi Abdelaziz Ben Abdel Rahman Al Saoud, une rencontre entre celui-ci et le président Roosevelt au large des
côtes saoudiennes à bord du navire Quincy qui donnera son nom au pacte conclu ce jour-là.
Ce pacte garantit, pour les Etats Unis, un accès privilégié et à un tarif préférentiel au pétrole du Royaume en échange d’une protection militaire
inconditionnelle.
Ainsi fut conclu un pacte contre-nature liant une puissance qui se veut la plus grande démocratie libérale du monde à une dynastie théocratique
rétrograde sans nul pareil au monde. (http://www.renenaba.com/?p=2807).
Ce pacte fut renouvelé et mis au goût du jour, toujours à la demande de l’Arabie saoudite alarmée par l’influence grandissante de l’Iran chiite sur la scène
mondiale, le 23 septembre 2010 à l’occasion de la fête nationale saoudienne célébrant la fondation Royaume.
L'exportation du Wahhabisme
Depuis les années soixante, la famille royale saoudienne et ses alliés wahhabites s'emploient à une politique active de prosélytisme international, propageant la
conception wahhabite de l’Islam au delà des frontières du royaume. Grâce aux importantes ressources financières dont elle dispose, l'Arabie saoudite favorise l'idéologisation, selon la conception
wahhabite, d'Etats tels que le Pakistan et le Soudan. Ainsi, l'Arabie Saoudite a financé directement ou indirectement la création et le développement de mouvements islamistes radicaux poussant
parallèlement certains autres mouvements islamistes à une radicalisation dogmatique et/ou politique. Du Daghestan à l'Algérie en passant par l'Afghanistan, de nombreux groupes islamistes ont pu
bénéficier des largesses saoudiennes, et ceux qui ont effectivement adopté les préceptes du wahhabisme sont des mouvements importants ou influents dans les sphères religieuses et politiques des
Etats musulmans.
Le salafisme djihadiste
Cette mouvance du salafisme se refuse à limiter l'action religieuse à la prédication et fait du djihad le cœur de son activité [1]. Les salafistes de cette tendance sont ainsi favorables au combat armé, afin de
renverser les régimes des pays musulmans qu'ils jugent impies pour instaurer un État authentiquement islamique.
Cette tendance salafiste est née, dans les années 1980, en Afghanistan, à l'occasion de la guerre contre l'occupation soviétique. Durant cette guerre, des salafistes venus d'Arabie saoudite ont
rencontré des Frères musulmans. Cela les a conduit à intégrer au discours politique des Frères musulmans la prédication
littéraliste traditionnelle des salafistes, centrée sur la piété et la moralité[5]. Pour ces salafistes, les salafistes traditionalistes, favorables à la seule prédication de, en
particulier, des Cheikhs proches des autorités saoudiennes, comme Ibn Baz et Ibn 'Uthaymin, sont alors apparus comme des hypocrites. D'autre part, ces salafistes
critiquent plus encore les Frères musulmans qui sont condamnés en raison de leur foi jugée insuffisamment littéraliste et, pour les plus modérés des Frères, pour leur engagement dans le jeu
politique d'État jugés impies et devant être éliminés par la force[6].
Cette tendance poursuit donc une stratégie de la violence qui vise à renverser les États des pays musulmans pour instaurer un État islamique par la force.
Ce pacte de partenariat est en fait, selon notre confrère René Naba, « une relation de vassalité » -
Ce Pacte fut revu et co-signé avec les même partenaires (lire http://fr.wikipedia.org/wiki/Pacte_du_Quincy) le 3 septembre 2010 à l’occasion de la fête nationale saoudienne, le 23 septembre, célébrant la fondation du Royaume,
La Ligue Islamiste Mondiale relève des services secrets saoudiens, alors que le bon sens voudrait qu’elle dépende des Affaires
religieuses.
L’IIRO, bras armé de la Ligue islamique mondiale
Le régime saoudien a fondé là un instrument au service de l’islamisme et non pas au service de l’Islah (réforme islamique).
La Ligue Islamiste Mondiale
La Ligue Islamique Mondiale est basée à La Mecque. Le secrétaire général doit être saoudien. Le titulaire du poste est en 2007 Abdallah ben Abd Al Muhsin Atturki
(Abdallah Turki), ancien ministre des Affaires religieuses et prince du royaume. Bien qu’elle ait toujours affirmé être indépendante de l’État, selon une audition de la Commission judiciaire du
Sénat américain, on peut déduire sans aucun doute des sources
saoudiennes que la LIM est contrôlée étroitement par le gouvernement, de même que l'IIRO en dépend. Par ailleurs, depuis 1993, une loi dispose que tous les fonds humanitaires musulmans
doivent être placés sous le contrôle d’un prince.[5
La prédication islamique et l’éclaircissement des doutes en matière doctrinale sont les deux premières missions citées dans la liste des objectifs de la Ligue.
James Woolsey, ancien
directeur de la CIA, estime que les Saoudiens ont depuis
le milieu des années 70 dépensé près de 90 milliards de USD pour exporter l’idéologie islamique dans le monde.[6] Le
royaume des Saoud tient particulièrement à ce que l’islam mondial conserve sa « pureté non entachée d’innovations ».[7
La Ligue Islamiste Mondiale relève des services secrets saoudiens alors que le bon sens voudrait qu’elle dépende des Affaires
religieuses. Cette organisation sera l’instrument d’un impérialisme religieux. Dans les pays récalcitrants à l’idéologie wahhabite, elle fera appel à L’IIRO.
Cette institution donnera naissance à une organisation terroriste à vocation
planétaire :
l « ’International Islamic Relief Organization » (IIRO).
Le soir du 11 février 1979, l'Ayatollah Khomeini accède au pouvoir
L’IIRO, bras
armé de l’islamisme mondial
Après avoir fondé la Ligue Islamique Mondiale, chargée de la propagation du wahabisme et de l’endoctrinement, et
installé des antennes de celle-ci dans différents points de la planète, les services secrets saoudiens lui créeront en 1978 une branche armée internationale. Elle sera officialisée par décret
royal un an plus tard, le 29 janvier 1979, sous l’appellation-écran de International Islamic Relief Organisation (IIRO), en français Organisation Internationale de Secours
Islamique et en arabe هيئة الإغاثة الإسلامية العالمية. Son siège est à Djeddah et aura comme premier
dirigeant Farid Yasin al Quraychi et Adnan Khalil Basha comme secrétaire général.
Une de ses branches les plus actives élira domicile à Peshawar, au Pakistan, chez Maktab al-Khadamāt
(le Bureau des services) une structure mise en place par un certain Abdallah Azzam.
Le Maktab al-Khadamāt (MAK), créé par
Abdullah Azzam en 1980, organise et entraîne les moudjahiddins avant de les envoyer en Afghanistan. Le MAK est soutenu par d'autres organisations islamistes, d'organisations caritatives et de la CIA qui déploie dans cette période une politique interventionniste dans le souci d'enrayer et d'abattre la puissance de
l'URSS, conçue comme « Empire du Mal » par l'administration Reagan, notamment par le soutien aux groupes de toute nature qui peuvent déstabiliser les régimes supposés proches de Moscou. En 1986,
Oussama Ben Laden, ancien étudiant de Abdullah Azzam, qui finançait
depuis 1982 l'activité du groupe, rejoint le front. En 1989, Oussama Ben Laden prend le contrôle du Maktab al-Khadamāt suite à la mort d'Abdullah Azzam. Après la prise de Kaboul par les Talibans en 1996, Ben Laden finance la formation des
moudjahiddins arabes, développant ainsi les réseaux de la mouvance Al-Qaida [10].
Le nom de l'organisation vient du nom arabe qā'idah qui signifie la « base », en particulier militaire. Contrairement à une légende, il n'a pas été donné
par la CIA. Osama Ben Laden a expliqué l'origine de ce terme dans une videocassette avec le journaliste Tayseer Alouni, pour Al Jazeera, en octobre 2001 : « Le nom d'al-Qaeda fut établi il y a longtemps et par hasard.
L'International Islamic Relief Organization (IIRO, français : Organisation Internationale de Secours islamique, arabe : هيئة الإغاثة الإسلامية العالمية, al-Ighata al-Islamiya
al-'alamiya) est une organisation caritative créée en 1978 et dont le siège est à
Jeddah en Arabie saoudite[1]. Son secrétaire général est Adnan
Khalil Basha[1].
Dénominations
Cette organisation est connu sous les noms suivant : هيئة الإغاثة الإسلامية العالمية, al-Ighata al-Islamiya al-'alamiya, Al Igatha Al-Islamiya , Hayat
al-Aghatha al-Islamia al-Alamiya, Organisation internationale islamique de secours, International Islamic Relief Agency, International Islamic Relief Organization, International Relief
Organization, Islamic Relief Organization, Islamic World Relief, International Islamic Aid Organization, Islamic Salvation Committee, The Human Relief Committee of the Muslim World League, World
Islamic Relief Organization.
Historique
L'IIRO fut fondée par un décret royal du 29 janvier 1979, Farid Yasin al-Qurashi la mit en place et en fut le directeur jusqu'en
1993.
Cette structure est directement placée sous la tutelle de la Ligue islamique mondiale, elle-même considérée comme l'instrument politique des oulémas d'Arabie saoudite.
Cela lui permet d'échapper au contrôle budgétaire du ministère des Affaires religieuses et du waqf en Arabie saoudite.
Les fonds que rapportent la zakat et les dons sont gérés par la
Fondation Sanabil Al Khair[1].
De 1991 à 1996, l'IIRO a publié quelques rapports d'activités. Jusqu'en 1998, elle distribuait également un bulletin trimestriel en anglais. Depuis, l'opacité de
l'organisation a beaucoup contribué à sa mauvaise réputation. Sur son site Internet réactualisé en 2007, l’IIRO donnait simplement des informations sur le montant de ses dépenses et non sur
l’origine de ses ressources. Les chiffres publiés en rials saoudiens portent sur la
somme, revus à la baisse, de 1,9 milliard d’euros en 2005-2006.
Activités humanitaires
Coïncidemment, cette organisation s’implantera dès 1982 dans les pays qui
verront naître un terrorisme sanglant, comme les Talibans au Pakistan, puis en Afghanistan, et les Shebabs en Somalie, et en Algérie avec les Groupes Islamistes
Armés (GIA) qui causeront pas moins de 300.000 morts.
Activités politiques et soutien au terrorisme
Présent aux Philippines depuis septembre 1991, le beau-frère d'Oussama ben Laden et directeur de l'IIRO à Manille, Mohamed Jamal Khalifah, est expulsé par les autorités en novembre 1994 après avoir été accusé d'avoir financé
des camps d'entraînement du groupe Abu Sayyaf. Sur la cinquantaine d'orphelinats prétendument construits par cet organisme dans ce pays, un seul le fut effectivement.
Le bureau américain de l'IIRO a été perquisitionné en 2002 sur la base de
soupçons d'apports financiers importants à l'organisation Al-Qaida.
Le 22 septembre 2005, un juge fédéral new-yorkais, Richard Casey, reçoit la plainte déposée
contre l'IIRO par des victimes des attentats du 11 septembre 2001[4].
Plusieurs de ses membres ou anciens employés ont été soupçonnés d'être en rapport direct avec des activités terroristes :
-
Les opérations de l’IIRO à Peshawar ont été dirigées par
Talaat Fouad Abdul Qasim, un membre du Gamaa al-Islamiya, un
groupe islamique égyptien[7], qui, condamné à mort par contumace dans son pays, sera capturé par les États-Unis en Croatie en
septembre 1995 et exécuté au Caire en 1998 [8].
-
le Bangladais Syed Abou Nasir, qui travailla pour l'IIRO jusqu'en 1992, est arrêté en Inde en janvier 1999 avec des
explosifs alors qu'il s'apprêtait à poser des bombes devant trois représentations diplomatiques américaines;
Sources
-
↑ (en)Liste des Nations Unies de personnes et d'entité liés aux Talibans [archive]
-
↑ [pdf](en)
Organisations
considérées comme terroristes par le département du Trésor des États-Unis [archive]
-
↑ (en) U.S. District Court Rules Saudi Charity to Remain in 9-11 Terrorist
Law [archive], 22 septembre 2005
-
↑ (fr) Comité du Conseil de sécurité mis en place conformément à la résolution 1267 concernant Al-Qaida, les Taliban et les
individus et entités associés [archive]
-
↑ (en) Ajout du bureau indonésien à la liste de la résolution 1267 [archive]
-
↑ (fr) Gama'a al-Islamiyya (Groupe
Islamique) [archive]
sur http://www.terrorwatch.ch [archive], Terrorwacth. Consulté le 9 août 2009
-
↑ (en) Peter Bergen, Katherine Tiedemann, « Disappearing Act: Rendition by the
Numbe [archive] » sur http://www.newamerica.net/ [archive], The New America Foundation, 3 mars 2008. Consulté le 9 août
2009
-
↑ Met top al-Qaeda figure just for tea, Egyptian says [archive], Globe and
Mail, 26 mai 2006
La Ligue Islamique Mondiale finança dès 1882 tous les partis officiels et organisations islamo-terroristes clandestines dans le monde, jusqu’aux Philippines où elle
avait comme « client » le mouvement armée d’Abu Sayyaf.
L’action de la Ligue Islamique Mondiale eut un premier succès dans la décennie 180 Elle eut plus de succès en Algérie avec les groupes de Bouyali.( http://www.multilingualarchive.com/ma/enwiki/fr/Mustafa_Bouyali ), puis dans les années 199O, période que les algériens appellent la « décennie
rouge » et .au cours de laquelle le terrorisme islamiste fit près de 300.000 morts.