C'est l'espace (un de plus mais il n'y en a jamais assez) des sans-voix, des opprimés, mais aussi celui des femmes et des hommes qui agissent pour le plus grand bien de la Révolution.
Vendredi, des éditeurs étaient en effet conviés au ministère de l'Education pour un briefing sur les nouveaux programmes.
Ces nouveaux programmes sont le fruit du travail d'un groupe d'experts qui comprend :
Sylvain David a détaillé à Rue89 le fonctionnement du groupe d'experts :
« Trois réunions en tout et pour tout, qui duraient entre une heure trente et trois heures, et qui ont eu lieu entre le 18 décembre et le 12 janvier. Et c'est tout. »
Au terme de la première réunion, il a cru réussir à maintenir le chômage dans le corpus. Raté : Sylvain David affirme que le cabinet a fait pencher la balance en faveur de sa suppression -« officiellement parce que c'était trop lourd », glisse Sylvain David qui semble y voir plutôt un biais idéologique.
Bien sûr, la notion sera probablement abordée plus tard au lycée. Sauf que l'option SES est justement destinée à un public plus large, qui inclue les élèves qui choisiront d'autres voies, littéraire ou scientifique.
Alors que le ministère devrait répondre ce mercredi aux questions de Rue89, des blogueurs, économistes et enseignants pour la plupart, commentent cette disparition. Ainsi, Arnaud Parienty, sur le site d'Alternatives économiques, qui conclut ainsi son décryptage des nouveaux programmes de la discipline :
« Pourquoi ce programme est-il marqué par ces funestes orientations ? Peu importe ; laissons à d'autres les théories du complot. Ce qui ressort en tout cas est que ce programme ne sert pas les élèves et que leur exploration de l'économie (sans même parler des autres sciences sociales) risque de les laisser en rade et sans GPS, les incitant à en rester là. C'est probablement cette conclusion inacceptable qui est la principale cause de la colère des enseignants. »
Professeur de sciences économiques et sociales, Gérard Grosse déplore aussi cette suppression sur le site de l'IDIES :
« Retirer d'un programme d'initiation (“ d'exploration ” dans le vocabulaire ministériel) les sujets qui comptent dans le débat public (le chômage, les inégalités, etc.) et les remplacer par des “ outils ” techniques est déjà symptomatique d'une certaine vision de l'enseignement en général et des sciences économiques et sociales en particulier. »