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Le 3 juin 2011, les personnels navigants de la TAP ont déposé un préavis de grève de dix jours, répartis du 18 juin au 29 juillet. Ils protestent contre une réduction des équipages décidée par la direction dans le cadre du plan d‘économie imposé par le gouvernement aux entreprises publiques. Le patron de Ryanair, connu pour ses provocations, demande la suppression au niveau européen du droit de grève pour les contrôleurs aériens. Pour « remercier « de chaque jour de grève prévu d‘ici la fin juillet, Ryanair a donc envoyé « dix roses » au syndicat des personnels navigants de TAP Portugal. Ce qui fait bondir la CNE. Son secrétaire-général adjoint, Tony Demonte, s’en explique.
Comment jugez-vous l‘attitude de M. O‘leary, le patron de Ryanair ?
« Cela correspond à son attitude habituelle qui est foncièrement provocatrice. On sait aussi qu‘il hait les syndicats : dès qu‘un travailleur se fait syndiquer, il se fait licencier de l‘entreprise. D‘une part, c‘est un bon moyen pour lui de se faire un peu de publicité et d‘autre part de se moquer ouvertement des travailleurs et des syndicats. C‘est odieux de s‘en prendre à des gens qui se battent pour des conditions de travail meilleures. »
Une action syndicale européenne contre Ryanair est-elle possible ?
« On a d‘ores et déjà pris contact avec l‘ETF (syndicat européen du transport par air) pour coordonner une action au niveau européen et, par ailleurs, nous irons bloquer les avions de Ryanair avant la fin de la période des vacances, mais nous ne dirons évidemment pas quand. J‘espère surtout que cette nouvelle démonstration va permettre de coordonner une action entre les différents aéroports. Les contacts sont pris en tout cas. Et si nous n‘arrivons pas à le faire au niveau européen, nous le ferons seuls. »
Quelle est la revendication de la CNE ?
« Qu‘une législation européenne soit mise en place. Ryanair ne respecte pas le droit social belge pour les travailleurs.(ndlr : Le siège social de Ryanair se trouve à Dublin, la compagnie applique donc les conventions irlandaises.) Pour être engagé chez Ryanair, il faut accepter les conditions salariales irlandaises (non-paiement des heures supplémentaires, flexibilité maximale…) ainsi que des droits en sécurité sociale (maladie, pensions, allocations familiales…) limités. C‘est absolument inacceptable pour les travailleurs et aussi pour les autres sociétés qui, elles, paient leurs cotisations sociales et respectent les droits des travailleurs. »
Pourtant, les passagers pourraient ressentir cette action comme une prise d‘otage…
« En quelque sorte oui. Mais il faut que les gens qui partent en vacances comprennent que les employés de Ryanair subissent des conditions de travail inacceptables. La grève, c‘est le seul et le meilleur moyen. On pourrait ne pas en arriver là si les politiques prenaient leur responsabilité. Ils sont au courant de la situation. Les Écolos ont d‘ailleurs déposé une proposition de loi il y a plus de trois ans de cela, mais elle n‘a même pas été en première lecture au niveau de la Commission. Ce sont les politiques qui, en n‘agissant pas, prennent les passagers en otage. De notre côté, on essaie simplement de faire face à 270 personnes qui travaillent pour Ryanair, attachée à l‘aéroport de Charleroi, et qui sont dans une zone de non-droit. »
Pourquoi les politiques n‘agissent-ils pas alors ?
« Ils ont peur, parce qu‘il suffit que le patron de Ryanair menace de quitter Charleroi pour semer le trouble. Appliquer le droit social belge aux personnes qui vivent en Belgique, comme la loi, le prévoit ne mettrait pas la compagnie en faillite. Ryanair se mettrait dans les mêmes conditions que toutes les autres compagnies low-cost qui sont attachées à un aéroport belge. »