C'est l'espace (un de plus mais il n'y en a jamais assez) des sans-voix, des opprimés, mais aussi celui des femmes et des hommes qui agissent pour le plus grand bien de la Révolution.
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La monarchie est une institution décadente et inutile. Les discours du 21 juillet et de la Noël (des marronniers, dans le jargon journalistique), les voyages officiels à l'étranger, les visites de compassion sur les lieux des catastrophes, bref tout ce qui rend le roi des Belges et sa famille sympathiques aux yeux de leurs "sujets" n'est pas l'apanage de la monarchie : le président de la république italienne, celui de l'Allemagne ou celui de la confédération suisse, par exemple, s'acquittent tout aussi bien de ces "devoirs".
Par Jean-Marie Dermagne
« Mais en cas de crise ‘à la
belge’? » : selon les thuriféraires de la monarchie (dans les rangs desquels on trouve surtout des Bruxellois francophones, mais fort peu de Wallons et quasiment plus de
Flamands), lorsque le gouvernement chute ou lorsque les élections révèlent des forces centrifuges, rien de tel que l'autorité morale d'un roi "au-dessus de la mêlée". Paradoxalement, tout
le monde admet que cette autorité est purement symbolique et même factice : sous couvert de décisions royales, ce sont tout de même les partis politiques prêts à gouverner qui
soufflent les solutions au palais. Les médias jouent les dupes, c’est tout. Quant à l’élévation par dessus de « la mêlée », cet attribut royal est loin d'être incontestable :
longtemps les socialistes l'ont dénié avec virulence, avant de virer leur cuti pour des raisons dont personne n'ignore qu'elles sont tactiques. Même chose chez les écologistes qui se sont
courbés par opportunisme, malgré un vote républicain d’une assemblée générale célèbre et, en théorie, souveraine chez eux. Côté flamand, n'en parlons même pas : la monarchie a toujours
été considérée comme francophone et catholique. Pour assumer avec sagesse le rôle de chef de l’Etat, il y a, des deux côtés de la frontière linguistique, des femmes et des hommes dont
l’envergure est telle qu'aucune des grandes communautés ne crierait au scandale si une telle personnalité était portée à la présidence de la république belge. Herman Van Rompuy est devenu
président européen sans que ses concitoyens francophones n'y trouvent absolument rien à redire : pourquoi ne pas en faire un jour un président de Belgique, si celle-ci résiste encore
quelques années aux poussées séparatistes. Il y a belle lurette que les Wallons et les Bruxellois francophones ont renoncé à exiger que le Premier ministre soit choisi dans leurs
rangs : comme le chef de l’Etat a beaucoup moins de pouvoirs que le chef du gouvernement, tous se plieraient sans doute à la loi de la majorité linguistique. Et si, le moment
venu, on ne trouve personne à l’aura incontestable dans l'une des deux grandes communautés, il se trouvera bien un représentant de la petite communauté germanophone pour sortir le pays de
l'impasse. Au moins y aura-t-il, dans tous les cas, élection - par le parlement - et ça présente moins de risques que la filiation et la génétique !
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