C'est l'espace (un de plus mais il n'y en a jamais assez) des sans-voix, des opprimés, mais aussi celui des femmes et des hommes qui agissent pour le plus grand bien de la Révolution.
Le Cnapest persiste et signe. La grève se poursuivra malgré les menaces du ministère
Il ne reste plus que trois mois avant les vacances scolaires et les élèves ne sont toujours pas fixés sur le déroulement de ce dernier trimestre d’études. La
préparation des examens est compromise et c’est tout le système qui est menacé de déliquescence. C’est dans ce contexte que le gouvernement s’est engagé dans une escalade avec les syndicats.
Réponse du Cnapest: seul le conseil extraordinaire du syndicat peut décider de la poursuite ou non de la grève. Les griefs retenus sont tenaces. Règlement des dossiers de la médecine du travail,
des oeuvres sociales et du régime indemnitaire.
Du côté du gouvernement, on estime que tout a été fait étant donné que de nouvelles augmentations ont été consenties. Mieux encore, la justice a été sollicitée pour légitimer, a priori, les
actions administratives décidées par le ministère de l’Education nationale.
Les 400.000 enseignants sont menacés de radiation de la Fonction publique. La tentation est grande de faire appel à des chômeurs sans expérience. Mais le ministère a déjà des problèmes avec ses
contractuels qu’il ne veut pas régulariser. Ensuite, il n’y a rien qui garantit que les nouvelles recrues n’auront pas à élaborer des plates-formes de revendication.
Mais tous ces arguments n’empêchent pas le gouvernement de vouloir mettre fin au mouvement de protestation par la plus forte des manières. Après la justice, ce sont les partis, l’Ugta et les
parents d’élèves qui sont mobilisés. L’Alliance présidentielle fait corps avec le ministre du secteur. Même si c’est en retard.
Le FLN et le MSP avaient préféré, dans un premier temps, soutenir les grévistes. L’Ugta est déjà bien débordée pour ne pas se laisser dépasser par des revendications auxquelles elle n’adhère pas.
Ce sont 80% des enseignants qui ne fréquentent plus les classes de cours.
Et la menace de radiation risque de produire l’effet contraire à celui escompté. Non seulement, les grévistes sont à même de reconduire leur mouvement, mais les autres syndicats pourraient bien
les rejoindre.
Pire, ce mouvement pourrait s’élargir à toute la Fonction publique. Le gouvernement a pris beaucoup de temps avant de décider à se pencher sur les problèmes des 1,6 million de fonctionnaires. Il
a trop misé sur l’essoufflement des mouvements de protestation, qui ne sont pourtant pas nouveaux. La conséquence logique en a été l’immobilisme et il a fallu n’être plus qu’à trois mois de la
clôture de l’année scolaire pour qu’enfin il soit pris conscience de l’ampleur du mouvement.
Cette même ampleur a permis aux syndicats d’arracher pas mal de revendications. Conscients de leur poids, ils ne comptent pas s’arrêter en si bon chemin. Cette détermination vise à faire reculer
le gouvernement et le pousser à renoncer à ses sanctions ajoutant à leur palmarès une nouvelle victoire.
Désormais, les syndicats sont devenus des acteurs importants sur la scène et ils ne servent pas qu’à célébrer des dates historiques. Les enseignants ne sont pas du tout tentés par l’aventure mais
ils y sont allés armés de revendications concrètes qui se sont soldées par des acquis tout aussi palpables. Ils espèrent surfer sur cette vague qui leur est favorable pour faire plier encore une
fois le gouvernement. Ils sentent que leurs revendications sont d’autant plus légitimes qu’ils sont censés représenter la classe moyenne et la frange instruite de la société.
Cette levée de boucliers de la classe moyenne est confirmée par la montée au créneau d’autres catégories de fonctionnaires que sont les médecins. Les autres agents des mêmes corps comme les
sages-femmes et les adjoints d’éducation ne sont pas en reste.
Or, la grandeur d’une nation se mesure par la fiabilité de son système de santé et d’éducation. Néanmoins, il se trouve que ces secteurs vont mal, traduisant un malaise dans la société. En se
heurtant de front avec les enseignants, le gouvernement a fait preuve de précipitation au lieu de continuer le dialogue et au lieu de commencer cette démarche beaucoup plus tôt. ç’eut été une
bonne démarche pour sauver l’année scolaire au lieu d’attendre les derniers mois pour tenter une sortie de crise.
Comme lors des années précédentes, le constat est que les élèves ne sont plus pris en charge correctement. Ils n’ont acquis que quelques bribes du programme prévu.
C’est avec ces maigres connaissances qu’ils iront affronter le baccalauréat. Déjà, lors de la session précédente, les examens n’ont porté que sur quelques cours et l’on s’achemine à nouveau vers
cette solution qui n’en est pas une.