Le 1er juin 2008, la première victime, la binationale (allemande) révèle au Commandant du détachement de la Garde de sécurité de la Marine des Etats-Unis (United States Marine Security Guard Detachement Commender), présent à l’ambassade des Etats-Unis à Alger, qu’en septembre 2007, Warren a eu des rapports sexuels avec elle, sans son consentement, à sa résidence sise au 5, chemin d’Hydra, Poirson, El-Biar, Alger. L’information est aussitôt transmise au «Regional Security Officer», l’agent spécial de la DSS, Kevin Whitson et, le 25 septembre de la même année, l’agent spécial du DSS Jared Campbell est chargé de se rendre en Allemagne pour interroger la plaignante. Lors de cet entretien, «V1» déclare qu’«entre les mois d’août et septembre 2007, les employés de l’ambassade des Etats-Unis l’ont invitée à une fête au domicile de Warren. A cette époque, elle ne l’avait encore jamais rencontré. Warren lui a offert une boisson alcoolisée qu’elle a acceptée. Il lui a remis un verre qui contenait une boisson mélangée de cola et de whisky, une boisson préparée hors de sa vue et qui lui a été remise par Warren. Durant cette soirée, elle a du consommer plusieurs autres cocktails similaires. Tous établis hors de sa vue et offerts par Warren». La soirée avançant, elle a commencé à ressentir les effets de l’alcool et tout en consommant le dernier verre que lui a préparé le même Warren, «V1» ressent des nausées et éprouve un besoin pressant de vomir. Une nausée qu’elle décrit de «brusque» et «violente» et qu’elle affirme n’avoir jamais ressentie en consommant de l’alcool auparavant» à tel point qu’elle affirme avoir dû courir vers la salle de bain en se tenant la main contre la bouche pour ne pas vomir sur la moquette. Une version que «W1» — code protégeant l’unique témoin de la scène — a confirmé lors de son audition par Scott Banker. «V1» poursuit son témoignage en affirmant qu’elle s’est réveillée le lendemain, toute nue, en ne se rappelant de rien. «Ni de comment je me suis déshabillée, ni de ce qui s’est passé après que j’ai couru vers la salle de bain de Warren». «La porte de la chambre était fermée, et il n’y avait personne d’autre dans la chambre», affirme-t-elle. La victime, souligne le rédacteur du mémoire, affirme avoir senti, à son réveil, «un mal de tête et des douleurs au niveau des parties génitales, indiquant qu’elle venait d’avoir des rapports sexuels dont elle n’avait aucun souvenir». «V1» affirme également avoir aperçu à «une poubelle jaune à gauche du lit a côté duquel elle a noté la présence d’un préservatif utilisé contenant ce qu’elle croyait être du sperme». Troublée, elle affirme avoir appelé W1 sur son mobile pour lui demander de venir rapidement. W1 qui se trouvait dans la même maison n’a pas tardé à rejoindre la chambre à coucher, elle lui a montré le préservatif utilisé sur le plancher puis, elle s’est rapidement habillée, et les deux ont quitté la chambre. «V1» a , ensuite, quitté la résidence. Elle déclare qu’elle n’a pas vu, ni eu aucun contact avec Warren depuis cet incident. L’agent ayant interrogé «W1» affirme qu’elle a également rapporté avoir vu cette nuit-là Warren muni d’un appareil d’enregistrement vidéo et qu’elle l’a vu en train de filmer sa victime à différents moments de la fête. Cet agent a également interrogé un autre témoin au sujet de «V1», ce deuxième témoin (W2) a déclaré qu’il était à la fête avec Warren, et que «V1» était là et qu’elle avait abusé de l’alcool avant de ressentir un malaise. Le 15 septembre 2008, la deuxième victime a déclaré au numéro 2 de l’ambassade des États-Unis à Alger, Thomas F. Daughton que Warren a eu des rapports sexuels avec elle, sans son consentement, 2 jours après, le diplomate a fait part de l’accusation de «V2» au «Regional Security Officer», l’agent spécial de la DSS, Kevin Whitson. L’agent spécial Gregory Schossler, de la DSS, est alors chargé d’auditionner la victime en Espagne, où elle réside. Mission accomplie le 25 septembre de la même année. Au cours de cette entrevue, «V2» déclare avoir connu Warren, alors qu’elle se trouvait en compagnie de son mari, plusieurs mois avant l’incident, au Caire où l’espion américain se trouvait alors en poste. Le 17 février 2008, Warren l’avait invitée à sa résidence de Poirson. Arrivée à la résidence, Warren a installé sa victime au salon pour «discuter» avant de la prendre en photo, avec son assentiment, à l’aide de son téléphone portable. Elle indique que Warren lui a, par la suite, offert un verre, un Martini aux pommes préparé dans la cuisine, hors de sa vue. Là aussi, «V2» affirme avoir ressenti des «effets bizarres» qu’elle n’a pas l’habitude d’avoir en buvant de l’alcool. Tout comme «V1», elle affirme avoir ressenti un besoin urgent de vomir et qu’elle se rappelle avoir plongé dans un état second qui lui permet de voir et d’entendre sans aucune possibilité d’agir. Sous prétexte de l’aider, Warren, qui l’a suivie dans la salle de bain, a insisté pour l’«aider» à se déshabiller malgré ses protestations. «V2» narre alors à l’enquêteur des détails assez précis sur un viol qui s’annonçait désormais comme inévitable. Elle reconnaît même que, de guerre lasse, elle s’est montrée résignée et demandé à son violeur d’«utiliser un préservatif ». «V2» affirme qu’elle ne se rappelle même plus comment elle s’est réveillée le lendemain, ni comment elle a regagné son domicile d’où elle enverra un SMS à Warren lui reprochant d’avoir abusé d’elle. La réponse de l’espion américain viendra également par SMS, sous la forme d’un laconique «je suis désolé», rapporte la victime.
Le 9 octobre 2008, Andrew Warren est au Hilton Washington Hôtel où il vient d’arriver en prévision d’une réunion, prévue le lendemain, avec ses supérieurs. C’est là qu’il rencontre pour la première fois l’agent spécial Scott Banker qui lui fait part des accusations portées contre lui par deux ressortissantes algériennes. Tout en reconnaissant avoir eu des relations sexuelles avec elles, Warren affirme que ses accusatrices étaient consentantes. En signe de bonne volonté, il va même jusqu’à remettre son téléphone portable et son appareil photo numérique à l’enquêteur. L’analyse des deux appareils permettra, par la suite, de retrouver des photos de «V1» et «V2», ainsi que de plusieurs autres femmes probablement victimes des mêmes procédés. Warren refuse, cependant, de permettre à l’enquêteur de mettre la main sur son ordinateur portable, qu’il lui remettra, «volontairement» par la suite, après avoir, certainement, effacé toute trace compromettante de ses agissements. Le rédacteur du mémoire précise que, par la suite, les agents de la DSS ont pu récupérer, lors d’une perquisition le 13 octobre 2008 de la résidence de Warren à Alger, entre autres, un «Mix Martin Apple», plusieurs périphériques de stockage de données, des disques durs d’ordinateurs multiples, cartes mémoire, du Valium et du Xanax et un manuel sur les enquêtes sur les agressions sexuelles. Scott Banker conclut sa correspondance par une justification de sa demande portant perquisition de la chambre d’hôtel de Warren. «Le 7 octobre 2008, j’ai mis à contribution un toxicologue du “Chemistry Unit” du laboratoire du FBI. Cet expert a expliqué que les symptômes des victimes étaient compatibles avec les médicaments utilisés pour faciliter des agressions sexuelles. Il a également indiqué qu’en raison de l’effet sédatif de ces médicaments, les victimes «n’ont souvent pas souvenance d’une agression, mais seulement une prise de conscience ou le sens qu’elles ont été violées». Que ces médicaments qui sont couramment utilisés pour faciliter une agression sexuelle sont prescrits, généralement, comme somnifères, des relaxants musculaires. L’expert explique que ces médicaments qui sont mélangés dans les boissons de la victime, généralement à son insu, ont un effet quasiment immédiat. Les symptômes de ces médicaments apparaissent dans les 15 à 30 minutes qui suivent leur consommation, et les effets persistent pendant 3 à 6 heures. Et de conclure : «A ma connaissance, les fichiers informatiques ou les restes de ces fichiers peuvent être récupérés, des mois et même des années après qu’ils ont été téléchargés sur un disque dur, effacés ou affichés sur Internet.» La suite est connue : l’analyse des éléments saisis par les enquêteurs permettra de dévoiler des pratiques dont les victimes sont loin d’être les seules «V1» et «V2».